Dans les couloirs des services de renseignements français, la réaction excessivement violente de la présidence algérienne à la suite de l’accueil par la France d’une de ses ressortissantes, Amira Bouraoui, menacée de prison en Algérie a fortement étonnée.
Les proches collaborateurs de Bernard Emié, actuel patron de la DGSE et ancien ambassadeur à Alger entre 2014 et 2017, pourtant bienveillants envers le président algérien n’en reviennent pas des termes utilisés dans le communiqué de l’Agence de presse officielle. Selon les informations dont dispose Maghreb-intelligence, les analystes de la DGSE sont sûrs que « le communiqué insultant envers leur institution a été écrit à El Mouradia par un des conseillers d’Abdelmadjid Tebboune ».
Les Français ne comprennent pas cette subite volte-face de la présidence algérienne alors que les relations entre les deux pays étaient au beau fixe. Il y a une quinzaine de jours, le peu francophile chef d’état-major de l’ANP a effectué une « visite d’Etat » très réussie en France où il a été accueilli par Emmanuel Macron. Il y a quelques mois, Abdelmadjid Tebboune, annoncé à Paris pour le mois de mai prochain, ne tarissait pas d’éloges sur l’excellence des relations entre les deux pays avouant au quotidien Le Figaro « une certaine complicité » et « une amitié réciproque ».
Aujourd’hui, les hauts cadres de la DGSE qui gèrent le dossier algérien se demandent quelle mouche a piquée la présidence algérienne. Maghreb-intelligence apprend de sources bien informées à Paris que dans les bureaux de 141, boulevard Mortier on n’hésite plus à dire que les relations avec les dirigeants algériens relèvent désormais de la « psychiatrie » que de la diplomatie.
« Nous qualifier de barbouzes et nous accuser d’avoir une feuille de route avec le Quai d’Orsay et des conseillers franco-algériens pour mettre à mal les relations algéro-françaises est non pas une aberration, mais le récit invraisemblable est d’une stupidité affligeante », résume un haut cadre de la DGSE, avant d’ajouter que « les services français n’avaient rien à voir avec l’affaire Amira Bouraoui. Ce sont les services consulaires qui ont géré son dossier avec l’Elysée. S’il y a des gars à blâmer, ce sont les policiers algériens incapables de contrôler leurs frontières ».
Pour un ancien diplomate français, les dirigeants algériens qui dès que les situations, mêmes les plus insignifiantes, ne leur plaisent pas régissent comme des « drama queen », se faisant à eux même plus de mal qu’ils n’en causent aux autres.