Par Ilyes Aribi
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L’Algérie pourrait être ébranlée à son tour par la vague de manifestations populaires contre la vie chère qui s’est abattue récemment sur la Tunisie. C’est la principale conclusion d’un rapport sécuritaire transmis par les services secrets algériens à la Présidence algérienne. Un rapport qui sonne l’alerte et demande au Palais présidentiel d’El-Mouradia d’instruire en urgence le gouvernement de multiplier les mesures sociales afin de soulager les souffrances des Algériennes et Algériens face aux pénuries récurrentes des produits alimentaires de large consommation ainsi que l’inflation galopante des prix de plusieurs produits de première nécessité.
Le spectacle de manifestations populaires ou d’émeutes est un danger qui est à prendre très au sérieux en Algérie car le sentiment de colère populaire bat son plein, avertit le même rapport qui a formulé de nombreuses recommandations parmi lesquelles renforcer le récit médiatique autour de la responsabilité de la « mafia de la spéculation » dans l’augmentation excessive des prix sur les marchés locaux. L’objectif est de faire croire à tout prix à l’opinion publique algérienne que l’Etat n’est guère le premier coupable dans les galères économiques et sociales endurées par la population.
C’est pour cette raison que la justice algérienne multiplie depuis plusieurs jours les condamnations les plus spectaculaires à l’encontre de commerçants accusés de stocker illégalement des produits alimentaires et de spéculer sur leurs prix.
La priorité absolue des autorités algériennes est d’éviter tout déclenchement de la contestation sociale qui pourrait raviver la flamme de la protestation populaire dans le pays. Et l’actuel scénario tunisien constitue une préoccupation majeure pour les dirigeants algériens.
Pour rappel, La colère gronde en Tuinisie sur fond de larges pénuries et de forte inflation. Des milliers de Tunisiens ont manifesté samedi 15 octobre à Tunis pour dénoncer les politiques du président de la République, Kaïs Saïed, au pouvoir depuis 2019, qu’ils accusent d’être responsable de la grave crise économique qui touche le pays.
Menés par le Front de salut national, une coalition formée par les partis d’opposition, dont le parti islamiste Ennahdha, les manifestants ont traversé les rues principales de la capitale tunisienne, appelant au départ du président. « Va-t’en, va-t’en », « révolte contre Kaïs le dictateur », « le peuple veut limoger le président », ont scandé les protestataires. Les autorités algériennes craignent que cette colère populaire en Tunisie n’inspire la population algérienne pour l’inciter à son tour à recourir à la protestation dans les rues contre les mauvaises conditions de vie et la dégradation du pouvoir d’achat comme ce fut le cas lors des émeutes de janvier 2011.