Par Ilyas Aribi
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Le complexe intégré des métiers du textile « Tayal » implanté dans la zone industrielle de Sidi Khettab dans la wilaya de Relizane, à l’ouest du pays, subit de plein fouet les conséquences fâcheuses des tensions qui opposent l’Algérie au Maroc et à l’Espagne. Ce complexe industriel, fruit d’un ambitieux partenariat entre le groupe turc Tay Group et l’État algérien, exportait des volumes importants de vêtements vers le Maroc et l’Espagne. Mais depuis la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc décidées par le régime algérien, les exportations de ce groupe algéro-turc ont subi un sérieux préjudice car les exportations de jeans vers le Maroc ont totalement cessé. Les managers de « Tayal » se sont ensuite rabattus sur le marché espagnol où ses marchandises pouvaient ensuite être expédiées de nouveau vers le Maroc. Mais depuis juin 2022, encore des turbulences imprévisibles et le régime algérien décide unilatéralement et à la surprise générale les relations de commerce extérieur avec l’Espagne.
Les pertes sont considérables pour « Tayal » dont les investisseurs turcs ont essayé de sensibiliser les dirigeants algériens pour essayer de les « ramener à la raison » en leur expliquant l’impact négatif de leur politique étrangère agressive sur l’avenir de leurs investissements conséquents en Algérie. Mais rien à y faire, les dirigeants algériens ont fait la sourde oreille et refusent toute perspective de normalisation des relations économiques avec le Maroc et l’Espagne obligeant ainsi les investisseurs turcs à explorer d’autres marchés étrangers au risque d’encaisser des pertes considérables et difficilement récupérables. Tayal SPA est une joint-venture algéro-turque créée en 2013 et elle possède le plus grand complexe en Afrique qui s’étale sur une superficie de 110 hectares dans la zone industrielle de Sidi Khatab, dans la wilaya de Relizane. Avec une capacité potentielle de production de 30 millions de pièces de prêt-à-porter par an, Tayal SPA s’est déployée sur le marché international avec plusieurs opérations d’exportation lancées vers plusieurs pays et compte lancer deux marques de prêt-à-porter, le premier trimestre 2023. Mais les investisseurs turcs peinent à exploiter pleinement le potentiel de leur projet en raison des turbulences géopolitiques provoquées par la politique du régime algérien. Tayal dispose d’une unité de coton qui occupe une superficie de 10 800 M2 et qui consomme 40 000 tonnes de coton annuellement, l’unité de filature peut produire jusqu’à 36 000 tonnes de fil, unité de tissage avec une capacité de production annuelle de 55 millions de mètres de tissu et 5 000 tonnes annuellement pour l’unité de tricotage ainsi que l’unité de confection, laquelle dispose de 5 unités de confection d’une capacité de 30 millions d’articles de prêt-à-porter par an. Les investisseurs turcs veulent consacrer entre 50 et 70 % de la production de ce leur projet vers l’export, mais cet objectif peine à se concrétiser en raison des problèmes extérieurs de l’Algérie avec ses voisins et les partenaires européens, premier marché visé par Tayal. Ce projet a nécessité depuis 2013 un investissement dépassant les 1,5 milliard de dollars USD et il a été réalisé selon la règle 51/49, entre la société turque Intertay (filiale du groupe Taipa) et les sociétés publiques algériennes C & H et Texalg, ainsi que la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), qui a abouti à la création de la société mixte Tayal.