Par Zoubeir Zalfaoui
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Les principaux responsables des services secrets algériens et les dirigeants militaires du pays ont été tenus à l’écart de la rencontre organisée au Palais présidentiel d’El-Mouradia à Alger entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le ministre français de l’Intérieur Gérard Darmanin. Et pourtant, attestent plusieurs sources bien introduites au sein du sérail algérien contactées par nos soins, les patrons des principales directions des services secrets algériens, notamment le renseignement intérieur et extérieur, avaient inscrit sur leur agenda une entrevue avec Gérald Darmanin lors de sa visite à Alger.
Or, à leur grande surprise, leur participation à l’entrevue avec Darmanin a été annulée à la toute dernière minute sans qu’aucune explication ne leur soit fournie. Ainsi, les généraux-majors M’henna Djebbar et Lekhal Medjoub ont été cordialement priés « d’oublier » leur déplacement au Palais d’El-Mouradia alors que la délégation française conduite par Darmanin avait d’ores et déjà commencé le dimanche 5 novembre ses échanges et discussions avec des hauts responsables du gouvernement algérien dont le patron de la Police algérienne et des membres du cabinet présidentiel de Tebboune.
Cette exclusion hâtive des patrons des services algériens a beaucoup fait jaser à Alger car Darmanin était censé traiter certains dossiers sensibles relevant de la Direction générale de la sécurité intérieure; l’unique service spécialisé de renseignement français relevant du ministère de l’Intérieur. A Alger, personne n’a compris ou saisi le bien-fondé de cette décision intervenue tardivement alors que la coopération entre les appareils du renseignement des deux pays constitue l’une des bases solides de la relation bilatérale entre l’Algérie et la France.
Selon nos sources, cette exclusion s’explique par de profondes divergences qui opposent l’entourage d’Abdelmadjid Tebboune aux dirigeants des services secrets algériens concernant le mode de gestion des relations franco-algériennes et de leurs enjeux. Le droit de regard exercé par les services algériens sur les échanges entre Tebboune et le président français Emmanuel Macron déplait fortement au clan présidentiel à Alger qui construit une relation ambivalente avec Paris pour seule priorité d’obtenir un franc soutien en faveur de la pérennité et continuité du régime Tebboune.
Il est à souligner enfin que les services secrets algériens disposent d’un statut spécial : ils sont considérés comme des militaires en fonction et demeurent soumis au code de justice militaire. Depuis 2021, l’Etat-Major de l’Armée algérienne entretient une relation stratégique avec les services secrets algériens alors que ces derniers sont censés relever de l’autorité du Chef de l’Etat depuis la réforme sécuritaire initiée par le régime Bouteflika en 2015.