« Nous avons échappé de peu à une grande catastrophe politique », avoue, soulagé, un dirigeant politique marocain lors d’une rencontre avec Maghreb-intelligence en évoquant les moments critiques par lesquels le Maroc [onlypaid]
est passé après l’annonce par Hamid Chabat du retrait de l’Istiqlal de la coalition gouvernementale. En effet, le responsable politique ne décolère pas contre le dirigeant istiqlalien qui, en voulant régler ses problèmes avec le PJD, a « maladroitement » essayé d’impliquer le roi qui se trouvait en dehors du pays. Mais, ce n’est pas cela qui risquait de plonger le Maroc dans une situation compliquée. D’après notre interlocuteur, après qu’Abdelilah Benkirane se soit montré intraitable au sujet du chamboulement de l’organigramme gouvernemental, certains « cercles influents » commençaient à évoquer le scénario d’un gouvernement d’union nationale qui aurait vu la participation de tous les partis politiques représentés au parlement. Le PJD voyait avec bienveillance l’idée d’un gouvernement rassemblant toutes les forces vives de la nation et qui pouvait, sans tergiverser, administrer les grands remèdes douloureux nécessaires à l’économie marocaine. La situation catastrophique de la Caisse de compensation et des caisses de retraite devait être rapidement réglée. Dans les coulisses, les négociations avançaient à grands pas. Une nouvelle architecture gouvernementale circulait sous le manteau. Mais, du côté du PJD, on continuait de nier tout changement dans leur position initiale. « Si l’Istiqlal retire officiellement ses ministres, nous pourrions aller vers des élections anticipées que nous gagnerons haut la main », déclaraient sur un air triomphal plusieurs dirigeants islamistes. N’empêche que le scénario d’un gouvernement d’union nationale était présenté comme la meilleure solution pour sortir le pays de la crise politique et économique qu’il traversait. Mais comme d’habitude, le diable se cache dans les détails. Les « promoteurs » du gouvernement d’union nationale voulaient un gouvernement présidé par une « personnalité nationale qui fait l’unanimité autour d’elle ». Les noms de certains conseillers du roi sont avancés. Dans les officines partisanes, on parle d’Abdellatif Mennouni et d’Omar Azzimane, personnalités très respectées par toutes les formations politiques. C’est à ce moment que le PJD renifle le piège et rue dans les brancards. La manœuvre viserait donc à écarter le volubile Abdelilah Benkirane de la primature. En plus, cela constituerait une violation de l’article 47 de la constitution qui stipule clairement que le roi nomme le chef du gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections à la Chambre des représentants. « Les promoteurs d’une telle option voulaient faire rentrer le Maroc dans une période de turbulences qui nous aurait fait revenir 11 ans en arrière », s’indigne le dirigeant d’un parti politique qui siège pourtant dans l’opposition. Exit donc l’option de la personnalité nationale qui fait l’unanimité. Le gouvernement d’union nationale pourrait, selon les défenseurs de cette thèse, être dirigé soit par Aziz Rebbah ou Saâd-eddine El Othmani. Cette fois-ci, ce n’est pas le PJD qui se rebiffe, mais bel et bien les partis de l’opposition qui estiment que tout gouvernement de quelque nature qu’il soit, s’il est dirigé par un islamiste, serait bénéfique électoralement au PJD. « Cela n’aurait été donc qu’un coup d’épée dans l’eau et n’aurait finalement servi qu’à augmenter la popularité du PJD», affirme notre interlocuteur.[/onlypaid]
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