Les autorités algériennes n’ont absolument pas bougé le petit doigt pour sévir contre les gros bonnets ou les véritables barons du trafic de l’émigration clandestine, à savoir les réseaux qui organisent et orchestrent la harga de plusieurs milliers de jeunes algériens depuis les côtes de l’ouest du pays vers les côtes du sud de l’Espagne. Pour chaque traversée, la place à bord d’une embarcation conduite et dirigée par des passeurs affiliés à ces réseaux mafieux est vendue à plus de 2000 euros depuis le deuxième semestre 2021. Certaines traversées VIP se font sur des bateaux confortables et luxueusement équipés et les places se négocient à pas moins de 4000 euros. Un véritable business juteux qui enrichit des barons lesquels naguère était uniquement spécialisé dans le trafic de drogues.
Les autorités espagnoles ont communiqué depuis fin 2021 toute une liste détaillée sur l’identité de ces barons et le fonctionnement de leurs réseaux mafieux. La Guardia Civil espagnole et les services secrets espagnols ont enquêté durant de longs mois et interrogé plusieurs passeurs ayant été interpellés ou interceptés par les garde-côtes aux larges des côtes espagnoles. Ces enquêtes ont permis d’identifier de nombreuses têtes pensantes de ces réseaux activant les régions d’Oran, Ain Témouchent, Mostaganem et Ghazouat dans l’ouest algérien.
Malheureusement, il s’avère que ces informations communiquées officiellement au gouvernement Algérie et notamment au ministère de l’Intérieur n’ont pas suscité l’intérêt des autorités algériennes. Ces dernières n’ont rien fait pour démanteler ces réseaux ou les neutraliser. Les barons de la harga jouissent toujours de l’impunité et d’une protection déguisée des services de sécurité en Algérie. Ils disposent de nombreux complices au sein de la Gendarmerie, la police, les garde-côtes ou même au sein de l’Armée algérienne. Cette complicité commence à irriter les partenaires espagnols qui n’hésitent pas à réclamer, assurent enfin nos sources, des explications à leurs interlocuteurs algériens.