C’est l’un des sujets qui alimente une discrète discorde entre Alger et Paris. A chaque fois que les autorités des deux pays tentent d’amorcer un approfondissement de leur coopération sécuritaire, un sujet brûlant est posé sur la table par les interlocuteurs algériens et provoque par la suite l’exaspération des interlocuteurs français qui ne comprennent pas pourquoi ce dossier suscite autant d’obsession au sein du régime algérien.
Ce dossier concerne le développement accéléré des activités économiques et politiques de la communauté kabyle en France. Le régime algérien craint de plus en plus l’expansion de cette communauté et sa structuration économique qui lui permet de brasser des montants colossaux en euros dont le régime algérien aimerait contrôler la provenance et leur utilisation ensuite au profit de plusieurs régions en Kabylie. Et pour ce faire, il ne cesse de demander aux autorités françaises des comptes rendus ou l’instauration de mécanismes de surveillance dédiés exclusivement à la communauté kabyle de France.
Mais pourquoi autant de craintes du côté algérien ? Pour la simple raison que l’organisation de la communauté kabyle en France regorge de plus en plus d’activistes et de sympathisants de la mouvance du Mouvement pour l’Indépendance de la Kabylie (MAK). Selon les rapports sécuritaires les plus actualisés, la France abrite sur son territoire plus de 1300 comités de villages pilotés par des membres de la communauté kabyle. Ces comités regroupent au sein de leurs bases de données d’adhérents près de 1,1 millions personnes qui sont tous d’origine kabyle.
Grâce à cette force de mobilisation, ces comités lèvent chaque année plusieurs dizaines de millions d’euros de cotisations qui sont payés mensuellement par des adhérents suivant la composition de leur foyers familiaux ainsi que leur pouvoir d’achat. Ces sommes récoltées en France parviennent ensuite jusqu’aux villages les plus lointains en Kabylie pour financer divers services publics, des infrastructures de base et palier ainsi aux insuffisances des autorités algériennes qui marginalisent la Kabylie et refusent de prendre en charge ses besoins vitaux en termes de développement socio-économique. L’argent de la diaspora kabyle en France, dont personne n’arrive encore à quantifier exactement ses contours, est devenu ainsi une source vitale pour la survie et la pérennité de la Kabylie d’autant plus que plusieurs localités privées d’argent public subsistent essentiellement grâce à cet argent de la Diaspora kabyle en France.
Chacun des comités de village déployés sur le territoire français a le statut d’association régie par la loi française. Et ces associations entretiennent des rapports approfondis voire excellents avec les autorités françaises. Mieux encore, la communauté kabyle a pénétré les hautes sphères de l’administration française et compte ainsi parmi ses membres les plus actifs des policiers, fonctionnaires à la préfectures, élus dans des mairies ainsi que des banquiers sans oublier les entrepreneurs.
La communauté Kabyle est devenue ainsi l’une des plus influentes, et des plus riches, France grâce à sa discipline et rigueur. Et cette force commence à terrifier le régime algérien qui tente de faire croire à ses interlocuteurs français que la propagande séparatiste du MAK puise également sa force de ces structures associatives Kabyles en France. Un argument qui ne passe pas du tout en France où personne n’a envie de remettre en cause les acquis de cette communauté citée en exemple en matière d’intégration aux valeurs de la République.