Par Skandar Salhi
A
A
L’Algérie est en train de perdre du terrain au Mali qui fut toujours l’une de ses zones d’influence les plus importantes. Depuis la fin de l’année 2022 et ce début de 2023, le lobby algérien au Mali a perdu de son prestige et de sa superbe. Pis encore, la junte malienne au pouvoir depuis 2022 a pris ses distances avec Alger en raison de son rapprochement renforcé et approfondi avec Paris. Un alignement pro-français qui déplait fortement aux maîtres de Bamako qui ont fait de l’émancipation vis-à-vis de la France l’un des dogmes de leur nouvelle politique extérieure.
Et la meilleure démonstration de la méfiance de Bamako à l’égard d’Alger est certainement ce refus exprimée par la junte malienne de dépêcher des représentants à Alger pour participer à une grande réunion regroupant toutes les factions maliennes en prévision de négociations censées relancer le processus de paix lancé dans le cadre de l’Accord d’Alger de 2015. Le 9 janvier 2023, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, avait effectué un déplacement important à Bamako pour tenter de convaincre les membres de la junte malienne de venir à Alger pour valider un nouveau processus de pourparlers autour de la nécessaire pacification du territoire malien.
Selon nos sources, la junte malienne a réservé un accueil froid à Lamamra et à sa délégation. Les militaires maliens ont décliné la proposition algérienne et refusé toute future médiation d’Alger avec les autres factions armées qui dominent le nord du pays notamment s’agissant des séparatistes de l’Azawad. Cette position malienne s’explique par la nouvelle lune de miel entre Alger et Paris. Bamako se méfie de tous les alliés de la France dans la région et ne veut plus revenir sur ses choix stratégiques axés sur son adhésion au camp de la Russie dans cette compétition géopolitique qui se joue au Sahel.
A Alger, la méfiance de Bamako suscite de fortes inquiétudes au sein du sérail et beaucoup d’acteurs du régime algérien craignent l’avènement d’un fort sentiment anti-algérien dans l’avenir au Mali. Ce qui pourrait compromettre définitivement l’influence de l’Algérie et profitera aux adversaires du régime Tebboune dans la sous-région.