La Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA) est en train de devenir le plus puissant et influent service de renseignement en Algérie. C’est en tout cas ce que visent les nouvelles manœuvres lancées par l’Etat-Major de l’Armée algérienne sous la coupe de Said Chengriha qui cherche à la doter de nouvelles prérogatives, permettant à cette agence de sécurité militaire d’élargir ses enquêtes à tous les domaines civils du pays y compris la gestion des entités économiques relevant du patrimoine de l’Etat.
Selon les informations dont dispose Maghreb-intelligence, Said Chengriha est en train d’exercer un fort lobbying auprès d’Abdelmadjid Tebboune pour l’amener à accepter que de larges compétences de surveillance des écoutes des communications téléphoniques et électroniques soient confiées à la sécurité militaire au nom de la défense de la sécurité nationale.
Chengriha veut contrôler tous les « services »
Ce lobbying actif du patron de l’Institution militaire algérienne ambitionne, selon nos sources, à transformer la DCSA en une hyperpuissante agence qui doit coiffer ensuite tous les autres services de renseignement comme le renseignement intérieur ou extérieur. Ce projet permettra à l’état-major de l’Armée algérienne d’imposer une totale mainmise sur « l’Intelligence Service » de l’Etat algérien.
Cependant, ce projet suscite de fortes résistances au sein du clan Tebboune qui voit d’un très mauvais œil la tentative de prendre le contrôle total des services secrets par le clan Chengriha et l’état-major de l’ANP. Une initiative qui pourrait renforcer dangereusement l’influence et puissance de l’institution militaire au détriment du Palais Présidentiel d’El-Mouradia.
L’entourage de Tebboune ouvre ainsi à faire barrage à ce projet et à imposer à l’Etat-major de l’Armée le principe de la nécessité de nommer un nouveau chef des services secrets qui sera placé directement sous la coupe du Président de la République.
Le 2ème mandat pour Tebboune sous conditions
Mais Chengriha refuse de se laisser faire et continue de militer auprès de Tebboune pour le convaincre d’accepter l’élargissement des prérogatives de la sécurité militaire en lui vendant l’argument de « l’impératif de préserver la stabilité et la sécurité du pays en prévision des élections présidentielles 2024 ».
En clair, « si Tebboune donner à l’Armée le contrôle des services secrets, il aura son 2ème mandat sur un plateau d’argent », explique à Maghreb-intelligence un ancien haut gradé de l’ANP. Le deal parait tentant, pour l’entourage le plus proche de Tebboune, mais il pourrait cependant contenir un piège qui troublera l’agenda présidentiel de 2024.
Pour rappel, en juillet 2019, la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) s’est dotée d’un «service central de police judiciaire». L’organe, dont la création avait été officialisée par un décret présidentiel paru au Journal officiel, est censé être dirigé par un « officier supérieur nommé conformément aux dispositions réglementaire au sein du ministère de la défense nationale ».
Mais jusque-là, ce service central de police judiciaire de la sécurité de l’armée est chargé uniquement de la recherche et de la constatation des infractions relevant de la compétence de la justice militaire et les infractions d’atteinte à la sûreté de l’État.
Aujourd’hui, la priorité pour le clan Chengriha est d’’élargir le domaine de compétence’’ dans ce corps de police judiciaire pour englober tous les crimes prévus dans la législation pénale. Ce qui fera de la sécurité militaire le service de sécurité le plus puissant du pays avec un règne sans partage.