Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal Ben Farhan Ben Abdallah Al Saoud s’est entretenu ce jeudi à Alger avec de nombreux dirigeants algériens et à leur tête le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier a accordé une audience spéciale à son invité saoudien pour discuter avec lui de nombreux sujets sensibles qui préoccupent le monde arabe.
Reçu au Palais Présidentiel d’El-Mouradia, le chef de la diplomatie saoudienne s’est entretenu avec Tebboune en présence du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, du directeur de cabinet à la Présidence de la République, Abdelaziz Khellaf et de l’ambassadeur de l’Algérie à Riyad, Mohamed Ali Boughazi. Les relations compliquées et houleuses avec le voisin marocain ont été au coeur de ces discussions, a-t-on pu apprendre de diverses sources concordantes. Le chef de la diplomatie saoudienne a proposé officiellement, attestent nos sources, une feuille de route dont le but de réconcilier l’Algérie avec le Maroc en permettant un rétablissement des relations diplomatiques entre les deux voisins ennemis du Maghreb. Cette feuille de route est axée essentiellement sur des mesures de désescalade et un dialogue sous l’égide de Riyad. Les mesures apaisantes imaginées et proposées par l’Arabie Saoudite consistent à inciter les dirigeants des deux pays à renoncer à toute forme de provocation verbale et d’agression diplomatique ou médiatique.
Il est également question dans cette feuille de route de mettre en place un comité de discussion bilatérale sur les dossiers qui fâchent. Pour Alger, il est exigé au Maroc de cesser d’abriter et de soutenir les leaders du mouvement séparatiste kabyle le MAK. Alger croit savoir également que le Maroc soutient financièrement de nombreux dissidents algériens présentés comme dangereux et menaçant la stabilité du pays. Face à ces revendications, l’émissaire de Riyad a demandé aux dirigeants algériens un gage pour détendre le climat géopolitique autour du conflit du Sahara Occidental. A ce propos, les dirigeants algériens jurent s’en tenir uniquement aux résolutions de l’ONU faisant part de leur volonté de résoudre aussi définitivement ce conflit qui n’a que trop duré. Mais ni Tebboune ni aucun autre dirigeant algérien ne croient à la sincérité du plan d’autonomie promis par le Maroc.
Concernant enfin l’alliance établie entre le Maroc et Israël, le chef de la diplomatie saoudienne a promis à Alger qu’il pourra présenter des assurances permettant la conclusion ou la négociation d’un pacte de non-agression entre l’Algérie et le Maroc dans lequel les deux s’engagent à ne pas recourir à des alliances militaires pour lancer des attenter à la sécurité de leur voisin direct. Les discussions furent longues et les dirigeants algériens ont fait clairement part de leur scepticisme. Le chef de la diplomatie saoudienne a joué au psychologue pour tenter de rassurer des dirigeants apeurés, craintifs et très susceptibles. A Alger, Fayçal Ben Farhan Ben Abdallah Al Saoud a mesuré toute la complexité de cette mission de médiation qui lui a été confiée par Riyad.