Par ILyas Aribi
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La Chine a sorti le grand jeu pour séduire le Chef d’Etat-Major de l’Armée algérienne, Said Chengriha, et puissant patron de l’Institution militaire algérienne qui est en visite officielle et de prestige en Chine depuis plus de 6 jours. Les autorités chinoises ont lancé discrètement une grande opération de séduction pour convaincre le principal dirigeant de l’Armée algérienne de miser sur les navires de guerre chinois et d’octroyer ainsi des marchés onéreux à des fournisseurs chinois désireux d’équiper les forces navales algériennes.
Selon diverses sources proches du ministère algérien de la Défense Nationale, Said Chengriha a été reçu en grande pompe le vendredi 17 novembre dernier, la base navale de Shanghai où il a rencontré des hauts responsables de l’industrie navale militaire qui lui ont fait de nombreuses démonstrations dans le but de l’appater et de le convaincre de privilégier le made in China dans les prochaines acquisitions de la Marine militaire algérienne. D’ailleurs, lors de sa visite à la base navale de Shanghai, Said Chengriha s’est longuement entretenu, attestent nos sources, avec des managers de la société chinoise (CSTC), une filiale du Groupe (CSSC) spécialisée dans la production de navires, notamment les bâtiments de guerre. Said Chengriha a assisté à une présentation détaillée sur les activités de ladite société, ses capacités de production, et les développements récents dans ce type de construction. Les autorités chinoises ont beaucoup insisté sur la modernité et la puissance de leurs frégates incitant ainsi vivement le patron de l’Armée algérienne à les expérimenter au profit des forces navales algériennes. Selon nos sources, la Chine veut damer ainsi le pion à la France qui tente depuis 2022 de vendre à l’Algérie des bateaux de guerre notamment un porte-hélicoptères d’assaut conçu par les industriels des Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire, le fer de lance de l’ingénierie navale militaire française.
Comme il avait été révélé par Maghreb-Intelligence au mois de mai 2023, la France veut boucler un deal qui pourrait lui rapporter plus de 1,4 milliard d’euros car en plus de la vente d’un navire de guerre sophistiqué et moderne, l’Algérie devra aussi rémunérer la partie française pour l’expertise nécessaire à l’entretien et maintenance des installations militaires d’un tel bâtiment. La France avait, d’ailleurs, multiplié les gestes de séduction pour tenter de convaincre le régime algérien de valider définitivement ce deal dans le sillage de la visite de Said Chengriha à Paris en janvier 2023.
Mais ce dernier n’a pas voulu valider cette option d’achat gelant ainsi les pourparlers. La Chine saute sur l’occasion et organise cordialement un circuit de visite alléchant pour le patron de l’Armée algérienne espérant rafler des marchés juteux puisque la Marine militaire algérienne a de grandes ambitions de développement de ses capacités d’intervention en Méditerranée pour les années à venir. Il est à souligner à ce sujet que le secteur chinois de la construction navale militaire se structure autour de deux conglomérats d’Etat, la China Shipbuilding Industry Corporation (CSIC) et la China State Shipbuilding Corporation (CSSC). Nos sources soulignent enfin que la partie chinoise à miroiter à Chengriha de nombreux avantages commerciaux comme le paiement par tranches ou la gratuité de plusieurs prestations d’entretien et de maintenance des navires qui seront potentiellement acquis par les forces navales algériennes.