Par Ilyas Aribi
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Des dissensions ont commencé à voir le jour dans les délicates relations entre la présidence de la république et l’état-major de l’armée en Algérie. Ces dissensions sont remontées brusquement à la surface à cause de la rencontre intrigante d’Abdelmadjid Tebboune avec le président français Emmanuel Macron. Selon nos sources, Abdelmadjid Tebboune n’ pas informé préalablement le Chef d’ETat-Major de l’Armée algérienne, Said Chengriha, au sujet de l’organisation d’une rencontre privée et officielle avec Emmanuel Macron en marge de sa participation au sommet du G7 en Italie. L’institution militaire algérienne n’a pas du tout apprécié cette mise à l’écart de l’élaboration de l’agenda d’Abdelmadjid Tebboune au sujet de sa participation à un événement aussi stratégique et prestigieux que le sommet du G7.
Par ailleurs, l’institution militaire algérienne voit d’un très mauvais spécial « ces affinités personnelles » que Tebboune a établi avec Emmanuel Macron. Pour Said Chengriha et les autres décideurs de l’armée algérienne, les relations avec la France et ses dirigeants doivent être soigneusement encadrées et méticuleusement surveillées en raison de la divergence des intérêts sur de nombreux dossiers géopolitiques comme le Sahara Occidental ou la question palestinienne. Or, le président algérien Abdelmadjid Tebboune est allé jusqu’à construire une relation personnelle très distinguée avec son homologue Emmanuel Macron au point de s’empresser de le rencontrer à peine deux heures après son arrivée sur le sol italien.
L’état-major de l’armée algérienne et les services secrets algériens n’approuvent guère cette approche d’Abdelmadjid Tebboune vis-à-vis de la France d’autant plus que de nombreux sujets abordés entre Tebboune et Macron sont frappés du sceau de la confidentialité et les contenus des discussions entre les deux présidents sont rarement partagés par le Palais Présidentiel d’El-Mouradia avec les autres pôles de décision du pouvoir algérien.
Une situation qui irrite particulièrement l’état-major de l’armée algérienne et les services de renseignement dont les hauts responsables n’ont toujours pas saisi l’utilité ni l’opportunité d’organiser hâtivement une rencontre officielle avec Emmanuel Macron à quelques semaines d’une sensible élection présidentielle anticipée en Algérie et en pleine tourmente politique en France avec la montée en puissance de l’extrême droite qui menace de prendre prochainement le pouvoir à Paris en prévision des élections législatives françaises anticipées. Signe du malaise provoqué par ces dissensions au plus haut sommet de l’Etat algérien, lors de la prière de l’Aïd El Kébir du 16 novembre dernier à la Grande Mosquée d’Alger, les retrouvailles entre Tebboune et Said Chengriha étaient relativement froides et manquaient clairement de cet enthousiasme qui caractérisait tant les relations personnelles du président algérien avec son Chef d’état-major.