Par Ilyas Aribi
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C’est une mesure inédite et historique. Oui, pour la première fois que des militaires algériens plaident leur cause et dénoncent des injustices qui leur ont été infligées en interpellant des instances officielles de l’ONU. Selon nos sources, pas moins de 38 familles des généraux et militaires injustement incarcérés en Algérie depuis 2019 dans le sillage de procès politiques expéditifs ont saisi officiellement, mais discrètement, à la mi-novembre la mission du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme basée à Genève en Suisse.
Un prestigieux avocat suisse a été contacté et chargé par ses familles d’entamer les procédures nécessaires pour exposer les tenants et aboutissants des détentions arbitraires ainsi que les violences subies par leurs parents incarcérés à la prison militaire de Blida. Cette dernière regorge, rappelons-le, d’au moins 155 officiers supérieurs de l’Armée algérienne emprisonnés dont soixante généraux et dix généraux-majors comme nous l’avons rappelé lors de notre dernière édition.
Par ailleurs, nous avons également appris que les familles de ces généraux et militaires algériens incarcérés à Blida ont décidé de créer formellement une association qui siégera à Genève en Suisse pour suivre, superviser et initier des actions de dénonciation auprès du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Selon nos informations, c’est Toufik Bennacer, le fils du défunt général Larbi Bennacer, l’ancien patron de la Justice Militaire auprès du ministère de la Défense Nationale, qui compte deux de ses frères incarcérés à la prison militaire de Blida depuis mai 2024 dans le cadre d’une sombre affaire de complot contre des institutions sensibles de l’Etat algérien, qui a été désigné comme coordinateur principal de cette association.
Pour rappel, Toufik Bennacer, ancien entrepreneur, est devenu depuis le début de l’été 2024 un véritable phénomène médiatique et un puissant lanceur d’alerte sur les réseaux sociaux ayant fait fuiter de nombreux scandales touchant de plein fouet le Chef d’Etat-Major de l’Armée Algérienne, Saïd Chengriha, et son entourage. Cette initiative unique en son genre décidée par des familles des généraux et militaires algériens qui se considèrent comme des « prisonniers politiques » ne manquera de faire couler beaucoup d’encre à Alger.