Par Ilyas Aribi
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Un important projet pétrochimique concernant un méga-complexe gazier à Skikda dans l’est algérien a été bloqué et suspendu par les autorités algériennes sans faire de bruit pour la simple raison que la direction générale du groupe Sonatrach, compagnie algérienne des hydrocarbures, envisageait de le confier à un important groupe indien appelé Larsen & Toubro, a-t-on pu apprendre de plusieurs sources concordantes.
Au cours de l’été 2023, le géant indien de la construction Larsen & Toubro qui est spécialisé aussi dans la construction d’infrastructures énergétiques et d’hydrocarbures, était sur le point de conclure un accord historique avec Sonatrach lui permettant de rafler le marché de la construction du futur méga-complexe de production de l’éthylène, un produit pétrochimique dérivé du gaz naturel, pour un montant colossal de 3,5 milliards de dollars US. Ce méga-projet se trouvait dans les tiroirs de Sonatrach depuis 2017-2018 et il n’a jamais été concrétisé en raison de la conjoncture politique et financière difficile que traversait le pays.
Mais l’ancien PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, avant son limogeage, faisait de la concrétisation de ce méga-projet une priorité absolue en raison de ses enjeux financiers et économiques. Or, les processus de sélection des sociétés étrangères pour réaliser ce futur complexe souffraient d’un énorme manque de transparence et ils ont abouti à la sélection de Larsen & Toubro dans un contexte troublant en raison du rejet de la candidature algérienne au club des puissances émergentes les BRICS. L’Inde est l’un des membres des BRICS qui a opposé un véto à l’intégration de l’Algérie et les deux pays entretiennent depuis de très nombreuses années des relations superficielles, voire difficiles en raison de plusieurs différends d’ordre économique. L’Inde est également très proche des Emirats Arabs-Unis et de l’Arabie Saoudite, les deux géants du monde arabe avec lesquels l’Algérie de Tebboune entretient en ce moment des relations instables, voire très tendues.
Le choix du groupe indien Larsen & Toubro a suscité ainsi le courroux du Palais Présidentiel d’El-Mouradia qui a refusé de donner son feu vert à ce projet préférant le geler et écarter le groupe indien afin de sanctionner directement les positions jugées hostiles de l’Inde au sein des BRICS contre l’Algérie. La direction générale de Sonatrach s’exécute et le méga-projet est bloqué. Le géant indien cherche désespérément des entrées au sein du pouvoir algérien pour tenter de trouver un compromis. En vain car rien ne semble pouvoir changer l’attitude des décideurs algériens.
Larsen & Toubro est un connaisseur du marché algérien. Début 2019, il avait conclu un accord avec Sonatrach pour l’installation de trois nouvelles installations de traitement et de compression de gaz dans le sud-ouest de l’Algérie pour un montant de près de 1 milliard de dollars US. Mais depuis l’arrivée de Tebboune au pouvoir, ce géant qui pèse plus de 17 milliards de dollars US se retrouve éjecté petit à petit du marché algérien à cause notamment de la déconfiture algérienne avec les BRICS.
L’Algérie, mon pays a bien fait de bloquer la réalisation de ce grand projet, puisque MODI a bloqué l’entrée de mon pays au BRICS. Dent pour dent, oeil pour oeil.