En Algérie, très peu de personnes connaissent Mohammed Yacoub. Ce Monsieur joue pourtant un rôle de plus en plus important dans les affaires discrètes d’Ali Haddad, le milliardaire algérien controversé, deuxième fortune du pays. Mohammed Yacoub est l’associé et gérant d’une importante société d’Ali Haddad à Paris. Il s’agit de la société HIG domiciliée au 11 boulevard de Sébastopol dans le premier arrondissement de la capitale française. Selon nos informations, cette société parisienne est soupçonnée de commercialiser et d’encaisser des commissions occultes pour des marchés conclus et remportés par Ali Haddad en association avec des partenaires étrangers en Algérie. Le caractère occulte de cette société est renforcé par la non-déclaration de ses comptes sociaux depuis plus de dix ans !
Mohammed Yacoub est également le représentant de la filiale Visiom Algérie, une société qui revend les scanners de fabrication italienne Gilardoni. Force est de constater que cette société française spécialisée dans la sûreté aéroportuaire ne dispose pas de références internationales prestigieuses. En Algérie, Visiom n’a jamais obtenu le moindre marché ou équipé un seul aéroport.
Mais Mohammed Yacoub s’est fixé pour mission d’introduire Visiom en Algérie au moment où le pays a besoin de renouveler les équipements de sécurité de ses 43 aéroports nationaux et internationaux, un marché annuel de plus de 50 millions d’euros. En profitant des connaissances et réseau d’Ali Haddad, Mohammed Yacoub a ainsi l’intention de s’attirer une grosse part de ce gâteau jusqu’à présent inexploité en Algérie.
Et pour ce faire, l’associé d’Ali Haddad a usé d’un drôle de subterfuge pour offrir sur un plateau un premier « gros marché » à Visiom. Mohammed Yacoub se jette ainsi sur le marché de l’aéroport d’Oran qui doit dépenser près de six millions d’euros pour équiper la future nouvelle aérogare avec des scanners modernes et sophistiqués.
Pour remporter ce marché, il fallait écarter tous les concurrents de Visiom, et c’est dans ce contexte que le Directeur général de l’entreprise d’exploitation des services aéroportuaires d’Oran, Abdelkader Kessal, entre en jeu. Selon nos informations, le haut commis de l’Etat algérien va nouer un deal secret avec Mohammed Yacoub : éliminer tous les autres concurrents de Visiom afin de la favoriser et de lui permettre de remporter le marché de l’aéroport d’Oran. Dans le même temps, Ali Haddad s’est activé auprès du ministère des Transports pour torpiller ces mêmes concurrents.
Le lobbying en faveur des amis de l’associé d’Ali Haddad ne s’est pas arrêté là. Selon plusieurs sources, le DG de l’aéroport d’Oran, Abdelkader Kessal, est allé jusqu’à menacer les membres de la commission d’évaluation des marchés. Le but de cette manœuvre était encore une fois de favoriser Visiom au détriment de ses concurrents. Cependant, ces manoeuvres n’ont pas abouti et le scandale de l’aéroport d’Oran finit par éclater dans les colonnes de la presse algérienne. Les travailleurs investissent la rue pour manifester contre la corruption généralisée qui mine l’EGSA d’Oran. Et une enquête est ouverte par les services de sécurité afin de déterminer le rôle de chacun de ces acteurs dans cette tentative de détournement d’un important marché public au niveau de la deuxième ville algérienne. Mais Ali Haddad pourra-t-il couvrir éternellement les agissements de son associé ?