Par Ilyas Aribi
A
A
La très mauvaise situation du secteur privé en Algérie a généré une très grosse populaire au sein des milieux des chefs d’entreprise. Accablés par un climat économique très malsain, et une persécution politique sans précédent dans l’histoire du pays avec de longues et arbitraires procédures de redressement fiscal, des sommations de paiement de plusieurs amendes financières très lourdes, blocages des importations, gel des registres de commerce ou interdiction de mener tout bonnement des activités économiques pour les patrons privés traqués par la Justice ou l’administration fiscale sans aucun respect de la présomption d’innocence, les chefs d’entreprise en Algérie subissent les heures les plus sombres de leur vie avec l’actuel régime Tebboune.
Et de nombreux entrepreneurs ont pris la décision de fuir le pays, certains de façon illégale violant ainsi l’interdiction de quitter le territoire national (ISTN) à laquelle ils ont été pourtant soumis, d’autres anticipent le danger de l’harcèlement sécuritaire et judiciaire en faisant évader leurs familles et en partant s’installer directement à l’étranger. Cette situation alimente de fortes craintes au sein des services de sécurité algériens lesquels craignent que ces entrepreneurs mettent leur patrimoine au service de l’opposition exilée à l’étranger pour financer des activités subversives visant à changer la nature du régime algérien en renversant notamment le régime Tebboune.
De nombreux rapports sécuritaires mettent en garde contre la jonction qui peut avoir lieu entre les entrepreneurs désenchantés, réprimés et pourchassés par les autorités avec des mouvements ou des figures subversives de l’opposition algérien exilée dont l’audience et l’influence sur la rue algérienne pourraient être fatale pour le pouvoir algérien en 2024 lors des prochaines élections présidentielles algériennes. Dans ce contexte, les directions des services de sécurité notamment des services secrets exercent des pressions pour convaincre Tebboune de revoir sa politique brutale à l’encontre du secteur privé. En parallèle, de nombreux contacts ont été initiés par les services algériens avec des entrepreneurs disposant d’une certaine notoriété et d’une crédibilité sur la scène internationale.
A titre d’exemple, les services algériens ont pris attache avec Saida Neghza, la présidente de la Confédération Générale des Entreprises Algériennes (CGEA) qui avait déclenché une véritable tempête au début du mois de septembre dernier avec sa lettre très critique et remuante à Abdelmadjid Tebboune constant la régression dangereuse de la situation des entreprises privées algériennes.
En fuite à Paris, Saida Neghza a été approchée, selon nos sources, par des hauts responsables des services algériens pour lui offrir des garanties de sécurité et d’immunité en lui demandant, en contrepartie, de faire profil bas et de plus faire la moindre déclaration publique qui pourrait être vécue comme une attaque contre le président Tebboune.
D’autres chefs d’entreprise, comme Hassan Khelifati du groupe Alliance Assurances, l’un des plus importants groupes privés en Algérie, ont été gentiment convoqués par les services de renseignement pour leur demander de calmer leurs ardeurs contestataires et pour leur offrir des assurances quant à la prise en charge de leurs doléances professionnelles. L’objectif de ce dispositif est d’empêcher qu’une rébellion dans le monde économique ne fragilise encore davantage les déséquilibres internes au sein du sérail algérien à une année des élections présidentielles de 2024.