Par Ilyas Aribi
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A Alger, les fortes tensions qui ébranlent le Proche-Orient sont perçues comme une opportunité pour que le voix de l’Algérie soit entendue et écoutée sur la scène internationale. La diplomatie algérienne tente, en effet, une percée stratégique dans ce dossier géopolitique très compliquée en proposant ses services pour établir une médiation entre les dirigeants du mouvement Hamas et les pays occidentaux qui comptent de nombreux otages détenus par les milices du mouvement palestinien sur le territoire de la bande de Gaza.
Selon les sources de Maghreb-intelligence, Alger compte dépêcher discrètement à Doha au Qatar une mission diplomatique composée de plusieurs cadres dirigeants chevronnés du ministère des Affaires Étrangères et des conseillers du palais présidentiel d’El Mouradia pour rencontrer les dirigeants du bureau politique du Hamas. Cette rencontre vise à étudier les possibilités dont dispose l’Algérie pour apporter, d’abord, une aide directe à la population de la bande de Gaza qui souffre le martyr face à la montée en puissance des attaques meurtrières israéliennes. Ensuite, les autorités algériennes souhaitent offrir une plateforme de dialogue qui permettra au Hamas de faire parvenir aux pays occidentaux ses exigences qui conditionnent la libération des otages détenus par ses brigades armées à Gaza.
La diplomatie algérienne veut tirer profit du prestige et de la crédibilité dont jouit l’Algérie auprès des factions palestiniennes pour jouer un rôle majeur dans cette crise des otages étrangers détenus à Gaza. Par ailleurs, selon les sources de Maghreb-intelligence, des pays occidentaux auraient saisi Alger pour demander au pouvoir algérien d’intervenir auprès du Hamas afin de tenter des pourparlers autour du sort de leurs ressortissants détenus à Gaza.
D’après les mêmes sources, ces pays occidentaux qui ont approché discrètement les autorités algériennes dans ce dossier sont la France, l’Italie et l’Allemagne. L’Algérie jouit de très bons rapports avec le Hamas. En juillet 2022, le Hamas a même dépêché une délégation de haut rang pour participer aux célébrations du 60ème anniversaire de la victoire de la révolution algérienne. Cette délégation a été conduite par le chef du bureau politique du mouvement, Ismail Haniyeh, qui s’était rendu à Alger à l’invitation du président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Ce dernier a lancé dès 2021 un vaste processus de rapprochement avec les plus importantes factions palestiniennes notamment le Hamas en proposant aides financières, assistance technique et même militaire au profit de ces factions divisées mais que le régime algérien a tenté de réunifier. Ces efforts ont débouché le jeudi 13 octobre 2022 à la signature à Alger d’un accord de réconciliation entre le Hamas et ses rivaux du Fatah s’engageant à de nouvelles élections législatives et présidentielle sur une période d’une année.
Au total, 14 factions palestiniennes avaient participé à cette rencontre qui intervenait peu avant un sommet de la Ligue arabe à Alger les 1er et 2 novembre. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune n’avait pas hésité à mettre en exergue sa figure de « parrain » bienveillant des participants afin de les «encourager» à sceller la réconciliation des factions palestiniennes, après plus de 15 ans de divisions.