Quand ça va mal entre Alger et Paris, tous les projecteurs algériens se braquent sur les services de renseignement français notamment la direction générale de la Sécurité extérieure, à savoir la fameuse DGSE dirigée par l’ancien ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié. A chaque tension, à chaque mésentente ou incompréhension, des voix s’élèvent à Alger pour accuser, dénoncer et vilipender le patron de la DGSE française que l’ensemble des composantes régime algérien soupçonnent d’être à l’origine tous les blocages empêchant la France d’apporter un soutien franc ou infaillible à l’Algérie.
Toutes les sources que nous avons consultées sont unanimes à ce sujet : tous les dirigeants algériens ont une profonde aversion pour la DGSE français et ses hauts responsables. Les leaders du régime algérien croit durement comme fer que la DGSE française œuvre régulièrement dans les coulisses pour contraindre Emmanuel Macron d’observer une certaine distance vis-à-vis du pouvoir algérien. La forte influence de Bernard Emié sur le locataire de l’Elysée et l’ensemble de l’establishment français empêche et dissuade la France de satisfaire toutes les principales attentes du pouvoir algérien. C’est pour cette raison que la visite d’Abdelmadjid Tebboune à Paris tarde à être officialisée.
Les dirigeants algériens sont convaincus que la DGSE est le principal élément de blocage dans les relations algéro-françaises. La semaine passée, l’ex-ambassadeur de France en Algérie, le célèbre Xavier Driencourt, a une nouvelle fois irrité les dirigeants algériens en publiant une note de conjoncture fortement détaillée appelant la France à suspendre le fameux Accord franco algérien du 27 décembre 1968 qui régit la circulation des personnes entre les deux pays en offrant des avantages précieux pour les migrants algériens s’installant sur le territoire français. L’ensemble des titres les plus importants de la presse française ont repris massivement l’appel de Driencourt à entamer un bras-de-fer avec Alger pour suspendre cet accord que l’Algérie considère comme un acquis historique.
A Alger, cette énième attaque en règle lancée par Xavier Driencourt est interprétée comme une nouvelle déclaration de guerre de la DGSE au pouvoir. Driencourt est considéré comme le porte-parole de la direction de la DGSE et de certains autres cercles sécuritaires ou diplomatiques de l’Etat profond en France. Des cercles totalement hostiles au régime algérien et à une relation privilégiée construite par Macron avec Alger. Aucun dirigeant algérien ne croit à la thèse du diplomate chevronné qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui essaie de faire bouger les lignes avec ses multiples interventions médiatiques volontairement engagées contre le régime algérien. A en croire les décideurs algériens, c’est Bernard Emié et ses collaborateurs ainsi qu’un ancien réseau de hauts responsables militaires et diplomates français qui alimentent Driencourt et le pousse à monter au créneau contre l’Algérie.
C’est dans ce contexte que les officines du régime algérien décident de riposter en préparant de nouveaux récits médiatiques fortement injurieux à l’encontre de la DGSE française. Complot ourdi avec les marocains et israéliens, soutien logistique aux opposants algériens exilés en France, manœuvres machiavéliques pour torpiller les intérêts algériens en Europe et en Afrique, la presse algérienne diffusera dans les jours à venir des contenus colportant des accusations gravissimes contre la DGSE française. Des articles préparés soigneusement dans les laboratoires des institutions sécuritaires et politiques du régime algérien qui seront par la suite « faxés » à toute la presse algérienne dont la mission qui lui a été assignée est de faire naître au sein de la population algérienne un nouveau sentiment de haine anti-française. Ce qui ne va guère apporter de la sérénité entre les deux pays liés pour toujours par des liens historiques et humains profonds.