Le militantisme très actif de plusieurs groupuscules kabyles en France commence à susciter sérieusement les inquiétudes des autorités algériennes. Les services de renseignement algériens ont discrètement pris attache avec leurs homologues français pour réclamer davantage de coopération et d’échanges d’informations sur les profils et les activités préparées par les militants indépendantistes kabyles établis sur le territoire français.
Les services algériens redoutent un renforcement de l’influence et des capacités d’action de ces groupes exilés qui pourraient faire rayonner leur idéologie séparatiste depuis le territoire français pour « semer la zizanie » en Kabylie, une région très sensible particulièrement surveillée et crainte par le régime algérien en raison de son potentiel contestataire très vigoureux.
A une année des élections présidentielles algériennes en 2024, un rendez-vous politique très délicat et capital pour l’avenir du pays, les services de sécurité et les institutions militaires craignent un scénario de pourrissement en Kabylie que pourrait alimenter des initiatives portées par des groupes séparatistes qui disposent des moyens logistiques et financiers pour organiser des opérations clandestines sur le territoire algérien dans les régions de Tizi-Ouzou, Béjaia ou Bouira.
Les craintes des autorités algériennes se sont renforcées à l’annonce de plusieurs importantes actions en France comme une marche populaire dans les rues de Paris le 20 avril prochain à l’occasion de la célébration du printemps berbère, une action portée par des structures liées au Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK).
D’après les services algériens, les activistes indépendantistes kabyles ont redoublé d’effort pour se structurer en France notamment à travers de nombreuses opérations de collectes de fonds, l’élargissement de la base militante au sein de la diaspora kabyle en Europe et en France, ainsi que des connexions avec d’autres entités internationales que l’on soupçonne de fournir une aide logistique à la cause de la « Kabylie indépendante ».
Par ailleurs, la forte persécution menée en 2021 et en 2022 contre les militants du MAK en Kabylie a produit l’effet tant redouté par les services algériens : l’accumulation d’un certain capital de sympathie et d’empathie que ressent désormais la population kabyle locale à l’égard de ces « militants violemment persécutés ». Ce qui risque d’aggraver la propagation des idées séparatistes et radicales en Kabylie. Un péril qui menace la stabilité de l’Algérie.