Les révélations faites par Maghreb-Intelligence concernant le rôle troublant joué par le régime algérien dans l’arrestation et l’emprisonnement de l’opposant tunisien Rached Ghannouchi ont suscité des réactions disproportionnées et très violentes à Alger.
Ces réactions s’expliquent, a pu confirmer Maghreb-intelligence auprès de plusieurs sources bien introduites au sein sérail algérien, par la crainte manifeste du président algérien Abdelmadjid Tebboune et ses principaux collaborateurs de se fâcher dangereusement avec le Qatar, le seul richissime émirat du Golfe qui entretient de bonnes relations avec le régime algérien alors que l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes-Unis boudent, pour ne pas dire snobent, ouvertement le régime algérien.
Selon nos sources, si les autorités algériennes ont mobilisé tous les appareils médiatiques pour démentir les révélations faites par Maghreb-Intelligence, c’est pour répondre à la colère profonde d’Abdelmadjid Tebboune qui craint l’impact fortement préjudiciable de ces informations sur son partenariat avec le Qatar, allié majeur et l’un des plus importants protecteurs de l’opposant islamiste tunisien Rached Ghannouchi.
Tebboune a construit depuis 2021 d’excellents rapports avec Doha et les qataris ont promis des investissements stratégiques à l’Algérie ainsi qu’un solide soutien au sein de la Ligue Arabe pour contrebalancer avec l’hostilité affichée vis-à-vis d’Alger par l’Arabie Saoudite. Le Qatar est effectivement demeure le seul Etat de la région à vouloir développer un axe de coopération stratégique avec l’Algérie. Et pour renforcer cette alliance avec Doha, Abdelmadjid Tebboune a toujours promis aux qataris qu’il œuvrera pour protéger leurs intérêts dans la région notamment en Tunisie où l’opposant Rached Ghannouchi constitue une pièce-maîtresse du lobbying qatari au Maghreb.
Sauf qu’il semble que cette promesse ne soit plus d’actualité puisque le président algérien a fini par privilégier le camp du président tunisien Kaïs Saied au détriment de celui du parti islamiste Ennahada, seule puissante force de l’opposition en Tunisie, et l’un des relais privilégiés du Qatar dans la région.
Les conséquences sont très fâcheuses pour l’Algérie qui se retrouve ainsi dans une situation périlleuse puisqu’elle a permis à Kais Saied de rompre les équilibres dans son pays éjectant ainsi puissamment les amis du Qatar. Une attitude inamicale qui risque d’irriter Doha ou du moins de décevoir les dirigeants qataris qui avaient beaucoup misé sur Abdelmadjid Tebboune pour contrôler et empêcher que les dérives autoritaires du Président tunisien ne bafouent leurs intérêts stratégiques au Maghreb.
Abdelmadjid Tebboune a donc failli à sa promesse et son capital de crédibilité en prendra un sale coup à Doha où il comptait jusque-là de fidèles amis. Une telle posture est très dommageable pour un Président algérien en quête de prestige sur la scène internationale pour préparer prochainement sa campagne pour un 2e mandat présidentiel successif. Le chagrin et la profonde déception du Qatar dans le dossier tunisien risque de l’éloigner de l’Algérie pour rejoindre la longue liste des Etats inamicaux à l’égard de l’Algérie. Une très mauvaise performance pour Abdelmadjid Tebboune. Encore un autre problème dont il aurait pu s’en passer.