Par Ilyas Aribi
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Le répit et la sécurité dont semblent avoir bénéficié les opposants et activistes algériens établis en France ces dernières années sont, visiblement, sur le point de se transformer en un doux souvenir d’un passé où la France fut une terre de prédilection pour les démocrates et divers opposants au régime algérien. Ces dernières semaines, une véritable machine judiciaire et sécuritaire a été mise en branle en France pour convoquer, auditionner et organiser les procès de plusieurs activistes connus de l’opposition algérienne réfugiée en France.
Les plaintes pleuvent sur ces opposants et elles sont introduites systématiquement par des personnalités ou des entités proches du pouvoir algérien. Le traitement de ces plaintes a été accéléré dans des circonstances troublantes et plusieurs convocations ont été adressées subitement et simultanément par les autorités judiciaires ou sécuritaires françaises aux opposants algériens se trouvant dans le collimateur des maîtres d’Alger. Plusieurs procès pour diffamation, outrage public ou injures publiques ont été programmées dans un laps de temps très court faisant ainsi vivre aux activistes de l’opposition algérienne en France un inédit harcèlement judiciaire. Dépourvus de moyens financiers leur permettant de rémunérer des avocats expérimentés, les activistes algériens victimes d’une grande précarité se retrouvent livrés à plusieurs procès programmés sans aucun moyen de faire valoir leurs droits devant des juges appelés à traiter de questions purement algériennes et relevant toutes du combat pour la liberté d’expression qui est durement étouffée par l’actuel régime aux commandes du pays.
Selon diverses sources diplomatiques, ces poursuites incessantes ont été ordonnées par les autorités françaises au lendemain de la visite du ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à Alger le 5 novembre dernier. Au cours de cette visite, la partie française a subi d’énormes pressions pour les contraindre à inquiéter les opposants algériens qui demeurent les seuls à pouvoir terrasser le pouvoir d’Alger alors que le pays de l’intérieur est totalement verrouillé par la chape de plomb sécuritaire. Selon nos sources, les dirigeants algériens ont conditionné l’approfondissement de leur collaboration sécuritaire et judiciaire avec la France par ces pressions directes exercées sur les figures de l’opposition exilée en Hexagone. Et, semble-t-il, tout a été fait pour exaucer le voeu des dirigeants algériens dés le retour de Darmanin à Paris alors que des enquêtes sur des agressions perpétrées sur le sol français contre des personnalités influentes de l’opposition algérienne sont étrangement étouffées à l’image de l’agression violente d’Amir Dz en novembre 2022 ou, plus récente, la tentative d’assassinat d’Abdou Semmar en aôut 2023. Des affaires dans lesquelles la Justice français, si rapide à juger et auditionner les opposants algériens pour des critiques acerbes contre le pouvoir autoritaire de leur pays, fait preuve d’une lenteur qui soulève de nombreuses interrogations.