Entre dictature naissante et stabilité, le cas complexe de Kaïs Saïed divise l’Union européenne

Un nouvel épisode conflictuel semble se profiler à l’horizon entre le président tunisien Kaïs Saïed et l’Union européenne (UE). Si le pensionnaire de Carthage respecte scrupuleusement les plans de l’UE, particulièrement celui de  l’Italie, dans la gestion du dossier de l’immigration clandestine, sa conduite des institutions de l’État, ses réformes politiques et son mutisme économique interrogent Bruxelles sur la ligne à tenir avec « un pays partenaire », totalement en perdition.

Dans une note transmise par le service diplomatique européen aux vingt-sept ministres des affaires étrangères, Bruxelles concède que « les relations entre l’UE et la Tunisie sont devenues plus complexes ». Bien que l’Union européenne affirme maintenir « un vif intérêt à préserver son partenariat avec la Tunisie afin d’assurer la stabilité socio-économique du pays », Bruxelles souhaite également «promouvoir le respect des droits de l’homme», malgré un contexte morose.

À l’heure où le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, révèle un sombre état des lieux de la relation eurotunisienne, l’Union européenne (UE) discute encore de la position à définir vis-à-vis de la Tunisie de Kaïs Saïed, empêtrée dans une crise démocratique sans précédent et une dégringolade économique étouffante. Seule certitude : Bruxelles entend maintenir l’ancrage de Tunis avec l’Europe, mais la position de Carthage peut fragiliser encore plus leur relation. «»

« Entre la volonté de l’Union européenne de trouver un équilibre délicat, entre les valeurs qu’elle prône et les engagements qu’elle tient une dictature naissante, et l’entêtement inutile et injustifié de Kaïs Saïed, une crise de crédibilité est inévitable », nous confie un ancien diplomate tunisien, critique à l’égard de la politique intérieur et extérieure du pensionnaire de Carthage. Les prochaines semaines seront, ainsi, cruciales pour voir si cette tension débouchera sur une rupture ou sur un compromis.

Grand favori du scrutin du 6 octobre, dont le sort est déjà scellé, Kaïs Saïed – élu président de la République en 2019 face au magnat des médias en exile en France, Nabil Karoui – affirme régulièrement que la Tunisie ne doit jamais céder aux diktats extérieurs, que ce soit en matière politique, économique ou migratoire. Depuis son coup de force de 2021, le chef de l’État, engagé dans démarche aussi souverainiste que populiste, s’est de plus en plus isolé à Carthage.

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