“La Tunisie est dirigée par des lobbies, des courtiers et des contrebandiers”… “Pour sauver le pays, il faut dissoudre le Parlement”… Figures de la gauche marxiste et nationaliste, Hamma Hammami et Mohamed Abbou, deux anciens militants sous le régime Ben Ali au commun passé de prissoniers politiques, revendiquent le changement et maintenant. Si le premier s’est lancé dans une nouvelle initiative pour renouer avec l’esprit de la révolution et faire chuter le système au pouvoir, le second a présenté une feuille de route pour mener à bien la dissolution du Parlement, “source de tous les maux”.
En face, la Troïka au pouvoir tient à tout prix à préserver son butin du scrutin de 2019. Iyadh Elloumi, le représentant de Qalb Tounes, parti dirigé par l’homme d’affaires Nabil Karoui, s’est emporté pour réclamer la peine de mort contre les partisans de ces revendications. De son côté, Rached Ghannouchi, le gourou d’Ennahdha, considère les appels à dissoudre le Parlement comme “anarchiques et irresponsables”, alors que les députés de la Coalition Al Karama continuent de semer le désordre : propos injurieux à tout va, violence physique sans retenue… Et rien ne semble les arrêter.
L’éventuelle dissolution du Parlement par le président de la République divise également les juristes et professeurs de droit constitutionnel. Cette nouvelle revendication populaire demeure une démarche inconstitutionnelle, car l’activation de l’article 80, sur la table de discussion à Carthage, permet seulement de geler les travaux dans l’hémicycle et non de dissoudre le Parlement. En effet, la Tunisie traverse l’une des phases les plus périlleuses de son histoire avec une crise multidimensionnelle. Pendant ce temps, le président Kaïs Saïed se contente de multiplier les diatribes, les menaces et “ses missiles” contre “les traîtres et les criminels” se font encore attendre.