Même les plus optimistes parmi les militants du parti historique ne s’attendaient pas une telle victoire du FLN. Les 220 députés remportés par l’ancien parti unique « sonnent le glas du pouvoir algérien », analyse un diplomate occidental en poste dans la capitale algérienne. [onlypaid]
Des journalistes algérois estiment en effet que les résultats de ces élections sont la preuve que le pouvoir en place en Algérie ne « raisonne plus convenablement ». Il est vrai que la reconduction d’un parti qui est resté pratiquement une cinquantaine d’années au pouvoir peut être considérée comme une fuite en avant. D’après un ancien ministre algérien qui vit aujourd’hui à Paris, le problème de l’Algérie est d’ordre générationnel : « aux manettes il y a toujours la génération FLN, que se soit dans l’armée ou dans la bureaucratie ». Selon les confidences de cet ancien ministre, malgré quelques divergences avec Abdelaziz Bouteflika, les généraux, qui sont les véritables maîtres du pays, se sont vite rendus compte des avantages qu’ils pouvaient tirer de sa présence à la tête de l’Etat. « Ils continuent de mettre le pays en coupe réglée tout laissant aux politiques les avant-postes. Et dans ce rôle le FLN excelle parce qu’il l’a toujours fait et qu’il présente toutes les garanties en plus de la légitimité historique », assène ce fin connaisseur du système politique algérien. C’est pourquoi, pour la grande majorité des 35 millions d’Algériens, les élections ne constituent pas un enjeu. Ils savent pertinemment que c’est juste un moyen de se donner une respectabilité à l’international. « Les Algériens ne sont pas dupes. Ils connaissent bien comment est géré leur pays. Les noms des généraux qui contrôlent les secteurs économiques importants ne sont un secret pour personne », reconnait un journaliste d’un grand quotidien algérois, qui tire la sonnette d’alarme : « cette fois-ci, ils sont allés très loin. Cela rappelle les élections législatives égyptiennes de 2009 qui étaient l’étincelle qui a déclenché le feu de la révolution en 2011 ». Si le pouvoir pavoise en évoquant le taux de participation et le bon déroulement du scrutin de jeudi 10 mai, plusieurs observateurs pensent que le système ne va tenir longtemps. Les frustrations s’accumulent, la corruption et la prévarication atteignent de sommets inconnus auparavant et la rente du pétrole va toujours dans les mêmes poches. Il suffit alors d’un petit déclic pour que la spirale se déclenche. [/onlypaid]
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