Devant les yeux amusés des observateurs américains présents en force devant l’ambassade égyptienne à Washington, une centaine de manifestants ont organisé une simulation d’élection présidentielle pour briguer le poste du raïs.
Les noms qui ont été cochés sur les bulletins représentaient toutes les tendances politiques en Egypte. Ainsi, l’on retrouvait Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue Arabe, Aymen Nour, principal opposant au régime de Moubarak et fondateur du parti Al Ghad, Gamal Moubarak, successeur désigné de son père et Mohamed El Baradei ancien directeur général de l’AIEA et actuelle bête noire du régime.
A la surprise général, c’est Mohamed El Baradei qui remporta haut la main le « scrutin » avec 74 % des voix exprimées devant Aymen Nour qui s’est contenté de 14 % alors que le fils du président n’a quant à lui recueilli que 2 % des suffrages.
Ce scrutin est loin de constituer le seul souci du régime égyptien. En effet, les comités de soutien pour une possible candidature d’El Baradei se multiplient parmi la diaspora égyptienne à l’étranger, qui s’exprime de plus en plus librement en se démarquant du régime de Housni Moubarak. En outre, le docteur El Baradei, comme l’appellent respectueusement les Egyptiens, semble avoir les faveurs de l’intelligentsia américaine. Ainsi, après avoir été l’invité de la faculté John Kennedy (Kennedy School Of Government) affiliée à la prestigieuse université de Harvard, El Baradei a participé à une émission en Prime Time sur CNN. Lors de ses deux interventions, l’ancien directeur de l’AIEA qui a été présenté comme un homme d’Etat, n’a pas ménagé le régime égyptien en critiquant ouvertement la loi martiale en vigueur depuis 30 ans dans le pays et qui est, selon lui, le socle de la présidence de Moubarak.
Au Caire où les langues commencent à se délier, cette attention particulière dont les Américains entourent El Baradei intrigue. Les plus avertis des observateurs craignent que ce « jeu américain » ne cache un troisième homme qui aurait les faveurs de l’administration américaine, consciente de la complexité du cas égyptien.