Les Etats-Unis étaient au courant du coup de force de l’armée égyptienne contre le président islamiste élu Mohamed Morsi plus d’une semaine à l’avance. Mais ils ont préféré, dans un premier temps, rester à l’écart. En effet, les notes transmises par la CIA à la Maison Blanche depuis ses antennes du Caire, de Riyad, [onlypaid]
de Tel-Aviv et d’Amman ont tous été rassurants sur la capacité du général Abdelfattah Al-Sissi et du Chef de l’état-major le général Sobhi Sedki de retourner rapidement la situation en leur faveur. Les gigantesques manifestations du 30 juin étaient bien orchestrées et bien organisées, ce qui a permis à l’armée d’évincer aisément Mohamed Morsi. Cependant, au lendemain du coup d’Etat, les choses ont commencé à s’embourber. La mobilisation intense du mouvement des Frères musulmans a désarçonné les putschistes. Une vague d’arrestations sans motifs apparents a été menée contre les dirigeants du mouvement et le président a été séquestré dans un lieu tenu secret. Ni sa famille ni ses proches collaborateurs n’ont eu accès à lui depuis le 30 juin. C’est finalement un communiqué du mouvement « Tamaroud » qui va rompre le silence gêné des généraux. Le président déchu est dans une résidence de l’armée où il est traité dignement comme doit l’être un ancien chef de l’Etat, rassure « Tamaroud ». Ce communiqué a mis en furie le département d’Etat américain. Comment un mouvement civique comme « Tamaroud » peut-il communiquer à la place de l’armée, du président transitoire et du chef du gouvernement et justifier la détention abusive de l’ancien président ? La réputation de « Tamaroud » a pris un sérieux coup de canif. Une délégation composée de certains partis politiques et de jeunes de « Tamaroud » et qui devait se rendre dans plusieurs capitales pour les convaincre du bien fondé de l’action de l’armée, n’a finalement pas pu s’envoler de l’aéroport du Caire. Aucune capitale européenne n’a souhaité les recevoir. L’autre impair commis par l’armée fut la tuerie de sang froid perpétrée devant le siège de la Garde républicaine, où une soixantaine de pro Morsi ont trouvé la mort, criblés de balles. A Washington, on commence alors à penser que le général Abdelfattah Al-Sissi montre des signes d’énervement et perd de plus en plus le contrôle de la situation. En parallèle, la mobilisation des Frères musulmans ne faiblit pas. Au contraire, les islamistes font monter la pression et occupent plusieurs places dans les grandes villes égyptiennes, de jour comme de nuit. Abdelfattah Al-Sissi commet alors l’irréparable aux yeux des Américains. Il appelle dans un discours officiel le peuple à manifester en masse afin de lui donner un « mandat-procuration » pour réprimer les Frères musulmans. S’en était trop pour la CIA dont l’antenne cairote est très pessimiste sur les capacités de la junte égyptienne à s’en sortir du piège dans lequel elle s’est elle-même enfermée. La dernière note en provenance du Caire parle clairement « d’amateurisme » dans la gestion du coup de force des militaires. Un lâchage en bonne et due forme qui a abouti à l’arrêt de la livraison par les Etats-Unis des avions F 16 au régime égyptien. [/onlypaid]
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