Les premières heures après l’annonce des résultats du référendum sur la nouvelle constitution égyptienne ont été très chaudes pour le général Abdel Fattah Sissi. Alors qu’il s’attendait, d’après des indiscrétions provenant du Caire, à une participation massive des électeurs, sa déception a été très grande de voir le taux de participation scotché à 38 %, soit un peu plus de 20 millions d’Egyptiens. Les observateurs se demandent où sont donc passés les 35 millions de manifestants qui, d’après les médias, avaient marché le 30 juin dernier contre le pouvoir des Frères musulmans. En effet, malgré une mobilisation sans précédent de moyens logistiques phénoménaux et d’une propagande médiatique systématique, la grande majorité des égyptiens a préféré rester chez elle. « Le général Sissi a trop tiré sur la ficelle de la fibre nationaliste, oubliant que l’époque est différente. Les gens ont d’autres moyens de s’informer, de recouper et de comparer », explique un homme des médias, aujourd’hui à la retraite. En plus, le retour au premier plan des anciens collaborateurs du président déchu Hosni Moubarak et l’emprisonnement des jeunes leaders de la révolution du 25 janvier, ont jeté le trouble chez les gens. Le nombre d’arrestations de femmes et de jeunes et la recrudescence des meurtres brouillent également l’image du général. D’ailleurs, ce ne sont pas seulement les Egyptiens qui semblent bouder Sissi. Le prince de Dubaï a fait savoir aux dirigeants des pays du Golfe que la carte Sissi est définitivement brûlée. « Le général n’est pas monnayable à l’avenir. Il a trop de sang sur les mains », aurait confié Mohamed Bin Rached Al Maktoum à des amis égyptiens.
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