Par Mohamed Foulahi
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Peut-on combattre le mal par le mal ? C’est la question que se posent déjà nombre d’anciens dirigeants de l’Istiqlal en assistant à la véritable mainmise du clan de Hamdi Ould Rachid sur l’appareil du parti. Après avoir verrouillé son conseil national, l’homme fort du Sahara a offert sur un plateau le secrétariat général du parti nationaliste à Nizar Baraka, petit-fils d’Allal El Fassi, père fondateur de l’Istiqlal. Puis il a entamé une campagne de « déchabtisation » de l’Istiqlal en écartant des instances dirigeantes tous ceux qui ont ou ont eu un quelconque lien avec le secrétaire général sortant, Hamid Chabat. Le nouveau comité exécutif est aujourd’hui composé en grande majorité des soutiens de Hamdi Ould Rachid qui se prépare également à mettre la main sur la presse de l’Istiqlal, en chassant Abdallah Bekkali du quotidien Al Alam pour le remplacer par Abdeljebbar Rachidi. Il y a quelques mois, Ould Rachid avait lancé un raid victorieux pour récupérer le bras syndical de l’Istiqlal, réussissant à mettre à la tête du l’UGTM son propre gendre Enaâm Mayara. C’est dire si le maire de Laâyoune, déjà maître incontesté la ville la plus peuplée du Sahara et de la région Laâyoune-Sakia El Hamra que dirige son homonyme et neveu Sidi Hamid Ould Rachid, pèse désormais sur la scène politique marocaine. Et il ne compte pas en rester là. Au sein de la direction de l’Istiqlal, on évoque avec insistance la présidence de la Chambre des conseillers, que Ould Rachid souhaite offrir à son allié Abdessamad Qayouh en octobre 2018. Si l’irrésistible ascension politique de cette famille de notables sahraouis inquiète parfois, en raison notamment de relations compliquées avec certains cercles influents de Rabat ainsi que de soupçons d’affairisme, il n’en demeure pas moins qu’elle peut avoir des aspects positifs. Que le parti le plus nationaliste du paysage politique marocain soit sous influence de l’une des plus grandes familles sahraouies pourrait mettre à mal les arguments d’un Polisario en perte de vitesse, aussi bien sur le plan diplomatique que sur le plan de la représentativité.