Rome et Paris se sont engagées dans un beau bras de fer sur le territoire libyen, et la France vient de prendre un net avantage. La récente visite de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en Libye a été un véritable succès, au moment où l’Italie piétine devant les différentes factions et pouvoirs à Tripoli et Benghazi. Face à l’afflux de clandestins et devant la menace terroriste, l’Italie donne le sentiment d’être débordée de toute part. « Le gouvernement italien ne s’est intéressé dans un premier temps qu’aux champs pétrolifères et aux stricts intérêts économiques », explique un diplomate européen en poste au Caire. Les Français, en revanche, ont adopté une démarche globale, visant à rapprocher les points de vue des différents protagonistes avec pour objectif l’organisation de nouvelles élections législatives, et l’installation d’un pouvoir fort et reconnu par tous. Le Drian a ainsi pu convaincre l’un des hommes les plus influents de Libye, le président du Haut Conseil d’Etat, Abderrahmane Souihli, très écouté par les redoutables brigades de Misrata. Le chef de la diplomatie française a également rencontré des proches de Khalifa Haftar, dont le président du parlement de Tobrouk, Aqila Salah, et le président du Conseil présidentiel Fayez El-Sarraj. Ce dernier s’est montré réticent à la tenue d’élections législatives sans garanties internationales, malgré l’accord conclu avec Haftar. La France va tenter de pousser son avantage sur l’Italie en parrainant la rencontre de Brazzaville organisée sous l’égide de l’Union africaine. Une réunion qui devrait permettre à l’envoyé spécial de l’ONU, le francophile Ghassan Salam, de préparer le terrain à la grande réconciliation entre factions libyennes.
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