Par Fatine Azayez
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Alors que la course à l’élection présidentielle suscite controverses et indignations en Tunisie, l’ancien candidat à Carthage, condamné à trois ans de prison pour corruption, se la coule douce à l’étranger.
Recherché dans le cadre d’une affaire de financement étrangers de la campagne présidentielle 2019, l’ancien président du parti Qalb Tounes et candidat malheureux à la course à Carthage, Nabil Karoui profite du soleil loin des terres tunisiennes. Après avoir pris la fuite illégalement avec son frère Ghazi Karoui au lendemain du coup de force Kaïs Saïed, en juillet 2021, le redoutable businessman continue de tisser sa toile, loin des regards, entre Paris et Dubaï.
Passé par l’Algérie, où il a été arrêté pour avoir franchi illégalement la frontière avant sa libération sous caution, Nabil Karoui fait du très select 16ème arrondissement de Paris son point de chute. Loin de l’isoler, cet exil semble avoir ouvert de nouvelles opportunités pour l’homme d’affaires. À l’heure où les opposants politiques de Kaïs Saïed croupissent en prison, Nabil Karoui mène une vie paisible en côtoyant d’autres exilés politiques et fortunes controversées.
S’il prétend avoir tout perdu, son parti politique, sa société Karoui & Karoui, sa chaîne de télévision maghrébine (Nessma TV) et tout son argent, l’homme d’affaires s’appuiye sur ses connexions pour poursuivre ses activités dans le consulting et financer les projets dubaïotes de sa femme, Salwa Smaoui. Cette ex-cadre chez le géant mondial de la tech Microsoft dirige aujourd’hui Baobab campus, une société de service et de conseil informatique axé sur l’intelligence artificielle.
Malgré la distance, le couple s’organise pour développer des relations d’affaires, parfois décrites comme ambiguës. Souvent critiqué pour son laxisme en matière de régulation financière, Dubaï semble offrir au Berlusconi tunisien le cadre parfait pour faire fructifier ses affaires loin des radars de la justice tunisienne. Autrefois élément clé de l’échiquier politique tunisien, Nabil Karoui – pour qui Kaïs Saïed est actuellement soutenu par Moscou et Téhéran – confie à ses proches qu’un retour au bercail n’est pas envisageable tant que son ennemi demeure au pouvoir.