« Le coup d’Etat en Egypte est en marche depuis le vendredi 28 janvier », nous révèle une source diplomatique américaine au Caire. C’est Omar Souleimane avec le général Sami Anan, chef de l’état major de l’armée, qui détiennent aujourd’hui véritablement le pouvoir. Cela a commencé la nuit du vendredi à samedi. La journée de protestation était à son apogée et la répression également. Le chef des renseignements généraux, Omar Souleimane refuse le poste de premier ministre que lui propose Moubarak.
Il préfère être nommé vice-président. Le raïs hésite, mais finit toutefois par capituler devant l’insistance des militaires. Cependant, Housni Moubarak, soutenu par le ministre de la Défense le maréchal Mohamed Tantoui, tente une dernière manœuvre pour se sortir de l’étau Souleimane. Il nomme le général réformateur et libéral Ahmed Chafik comme premier ministre. Celui-ci est très respecté par les Egyptiens. Juste après sa désignation comme chef du gouvernement il monte au front en multipliant les sorties médiatiques sans langue de bois. Dans la foulée, une purge est amorcée au sein du parti au pouvoir. Ahmed Ezz, fils du général Abdelaziz Ezz, très proche de Gamal et de Suzanne Moubarak est sacrifié.
Dans les coulisses, Souleimane laisse faire les richissimes députés du PND proches du président qui organisent l’attaque sanglante contre les manifestants à la place Tahrir. En tant que chef des renseignements, le général Souleimane était parfaitement au courant de ce qui se tramait dans l’ombre. Il ne dissuade pas les instigateurs et n’en informe ni le président ni le premier ministre qui sont surpris par les images à la télévision montrant hordes à dos de chameaux et de mules qui s’en prennent aux manifestants. Ce spectacle finit par affaiblir un raïs déjà aux abois. Les Américains appellent le nouveau vice-président. Ce dernier change de ton en leur disant que si Moubarak part maintenant, c’est le chaos qui risque de s’installer. Il prévient la maison blanche : « l’Egypte est au bord de la guerre civile ». Souleimane sait pertinemment que si la rue obtient rapidement la peau du président, ce sera une véritable chasse aux sorcières qui sera engagée et tout l’establishment y passera. Il est convaincu que le grand gagnant de cet effondrement sera la confrérie des Frères musulmans.
Commence alors le plan B. Hosni Moubarak transmet ses prérogatives peu à peu à son vice-président, notamment en ce qui concerne la réforme de la constitution, et s’en dans quelques semaines en Allemagne pour poursuivre sa convalescence. En même temps, les Etats-Unis et les pays européens ne mettraient pas beaucoup de pression sur le régime égyptien qui organisera en été des élections générales. Ce scénario permettra à l’armée de se reprendre et de pouvoir soutenir un candidat de son choix qui devrait tout de même composer avec un parlement démocratiquement élu.
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