Jusqu’au bout, Barak Obama aura tenu tête à Nicolas Sarkozy sur le dossier libyen. La France, par le biais de son nouveau ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a multiplié les pressions sur ses alliés occidentaux afin qu’ils votent une résolution à l’ONU permettant l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye. Les déclarations de Seif El Islam Kadhafi sur un hypothétique financement de la campagne électorale du président français ont mis ce dernier en colère. L’intervention militaire, d’après des sources à Paris, le président français en a fait une question d’honneur. Ainsi, il a sollicité, tour à tour, les Qataris, les émiratis et les Saoudiens. Les deux premiers lui ont en effet assuré un soutien militaire symbolique, tandis que les dirigeants saoudiens auraient promis une aide financière à l’effort de guerre qui pourrait atteindre quelques 7 milliards de dollars. Malgré cette pression française, Barak Obama n’a pas fléchi dans un premier temps. Ses conseillers lui ont fortement déconseillé de s’impliquer en Libye alors que les troupes américaines se trouvent toujours en guerre en Irak et en Afghanistan. L’opinion publique américaine serait choquée et n’accepterait nullement cette intervention. Devant le refus de l’administration américaine, Sarkozy aurait abattu ses dernières cartes. Juppé aurait informé jeudi matin que la France allait s’engager en Libye coûte que coûte et que si les Américains et les Anglais ne suivaient pas, Paris allait geler sa participation au commandement unifié de l’OTAN. C’est alors que les Etats-Unis ont abdiqué devant l’ultimatum français, d’autant plus que la France s’est occupée de calmer ses amis russes. Samedi alors qu’une large réunion se tenait à Paris, l’état major de l’armée de l’air française a lancé ses premiers avions dans la bataille, signifiant à tout le monde qu’il n’y avait pas matière à attendre.
Cependant, après trois jours de bombardements, les Etats-Unis ne seraient toujours pas convaincus de la pertinence de cette intervention militaire. Les stratèges du Pentagone ont peur que les régions sous contrôle des insurgés ne tombent finalement aux mains d’une coalition hétéroclite de chefs de tribus corrompus et d’islamistes radicaux. En même temps, Paris aurait été surprise par la résistance des milices de Kadhafi et de la grande faiblesse et la désorganisation des insurgés libyens. « La France a été bernée par les insurgés de Benghazi qui lui auraient affirmé que dès les premières frappes aériennes, les forces pro Kadhafi allaient déserter et rejoindre la révolution », a déclaré à Maghreb-Intelligence un journaliste américain accrédité à Paris. « Les Etats-Unis vont participer à l’effort de guerre pendant un mois, et puis ils vont retirer leurs avions. La France n’a pas beaucoup de temps devant elle pour faire tomber Kadhafi », conclut la même source.