C’est une enquête, sur l’Egypte, aussi bien minutieuse qu’effarante que publie dans sa dernière livraison le mensuel Le Monde Diplomatique. On savait de par le passé que l’armée du pays des pharaons s’était offert un Etat, et ce depuis le coup d’Etat des officiers libres en 1952. Mais aujourd’hui, sous la conduite du maréchal Al Sissi, l’armée égyptienne, hypertrophiée, a mis sa main sur pratiquement tous les secteurs productifs, étouffant littéralement le secteur privé du pays.
La crise du Coronavirus a été un révélateur de l’appétit gargantuesque des militaires égyptiens. C’est d’ailleurs, l’Autorité d’achats unifiés de matériel médical, une agence publique créée en 2015, dirigée par le général Bahaa El-Din Zaidan, qui est devenu l’intermédiaire obligatoire des hôpitaux publics pour leurs commandes d’équipements. C’est à elle qu’incombe le choix des fournisseurs locaux et étrangers. L’Autorité d’achats unifiés de matériel médical joue le rôle d’une centrale d’achat qui revend moyennant une confortable marge. Lors de la pandémie de Covid-19, elle a importée gants, masques et respirateurs. Tous ceux qui ne sont passés outre n’ont jamais reçu leurs commandes. D’après, Le Monde Diplomatique, la conséquence de ce monopole militaire est que « deux mille importateurs et fabricants locaux d’équipements médicaux » qui n’ont pas plu à n’ayant pas à l’Autorité d’achats ont été bannis des marchés publics et ont été en faillite.
Et l’armée ne s’intéresse pas qu’au secteur de la santé. Dès qu’il y a une marge à se faire, tout y passe : Informatique, équipements divers, services, pain, pâtes, poissons, ciment et même les bouteilles d’eau minérale. Un empire de 93 entreprises, dont le tiers a été créé les 7 dernières années. Exemptées de taxes et droits de douane, les sociétés en treillis bénéficient également d’une main-d’œuvre gratuite constituée d’appelés et de prix préférentiels d’électricité, après les hausses de 2019.
L’enquête du Monde diplomatique, nous apprend que le complexe militaro-industriel égyptien s’appuie sur trois pylônes. Le ministère de la production militaire avec des revenus estimés à 720 millions d’euros, le ministère de la défense et son pendant l’Organisation des projets du service national, présente aussi bien dans la vente d’aliments à bas prix à travers un millier de boutiques et de kiosques que dans le traitement d’eau, de la vidéosurveillance, de la gestion d’autoroutes et de 300 stations-services, brassant un chiffre d’affaires annuel de 1,5 milliards d’euros. Enfin, l’Organisation arabe pour l’industrialisation (OAI).
Contrôlant les grands projets d’infrastructures, l’armée est en concurrence directe avec les industries nationales de ciment, de marbre et de granit. A fin 2018, au moins 2 300 grands projets décidés par le président Al-Sissi ont été confiés aux des structures militaires.
En fait, ce n’est rien à côté de ce que vole l’ocp et Mohamed 6 au peuple marocain.
Mais où sont passés les 1300 milliards ?
Bonne question.