On les disait perdus à jamais, sans chef, désargentés et rejetés par tous. Pourtant les survivants du clan Kadhafi sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Dans les coulisses, les réunions se succèdent à un rythme effréné afin que le clan se dote d’une structure militaire et politique, avec le soutien des notables des tribus Megharhas et Kadhadfa. Ils ont en effet pesé de tout leur poids pour la libération de Seif El Islam Kadhafi de la prison de Zentane. De leur côté, les brigades révolutionnaires de Tripoli ont récemment libéré des dizaines de dignitaires de l’ancien régime emprisonnés dans le pénitencier d’Al Hdha. Parmi eux figurent Abdallah Senoussi, ancien patron des renseignements militaires de la Jamahiriya, Abou Zeid Dorda, ex-patron de la sécurité extérieure et Abdelkader Mohamed el-Baghdadi, ancien chef du bureau de liaison des Comités révolutionnaires.
Tous se sont récemment retrouvé lors d’une rupture du jeûne à l’hôtel Mehari en présence de plus de 1600 notables et représentants des grandes tribus libyennes. Une rencontre sous le regard attentif de l’autre fils de l’ancien guide la révolution, Essaadi Kadhafi. Selon des diplomates américains en poste au Caire, des tractations avancées ont lieu en coulisses pour réhabiliter la mémoire de Mouammar Kadhafi, et préparer Seif El Islam à un rôle important au sein de la nouvelle Libye, aujourd’hui en proie aux rivalités tribales et claniques. Seul bémol, Seif El Islam est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale et d’Interpol, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Washington devrait intervenir afin qu’il se constitue prisonnier à La Haye pour y affronter les juges. La procédure, généralement longue de plusieurs années, pourrait être accélérée et se conclure par un non-lieu. Pour l’heure, Seif El Islam se cache chez ses oncles maternels de la tribu Al-Baraâssa dans l’Est du pays.