L’Algérie, un royaume calme et paisible sur lequel règne d’une main de fer la famille d’Abdelaziz Bouteflika ? Non, ce ne serait pas tout à fait le cas. Un cliché pourtant très répandu dans les milieux des élites algériennes et internationales, mais démenti un peu plus chaque jour par la réalité de la vie politique locale.
Le très puissant clan présidentiel composé du proche entourage d’Abdelaziz Bouteflika, sa famille oligarques richissimes, nouveaux généraux de l’armée algérienne, détient certes le pouvoir en Algérie, mais n’en n’a pas le monopole. En face de celui-ci, un autre clan voit le jour jour depuis plusieurs mois. Communément appelé le clan de «Gaïd», en référence au chef d’état-major de l’armée algérienne, le vieux général Ahmed Gaïd Salah. Après avoir soutenu et appuyé Bouteflika en passe d’obtenir un quatrième mandat, ce dernier a tissé sa toile depuis Annaba, une ville rebelle qui échappe petit à petit au « contrôle politique » d’Alger.
Dans cette ville de l’est du pays, Gaïd Salah a imposé une véritable organisation politique. Dans les affaires, ses deux fils, Karim et Adel, sont à la tête d’un véritable un petit royaume. BTP, quotidiens régionaux, hôtels, agroalimentaire ou sociétés d’import-export, les enfants de Gaïd Salah sont devenus de puissants hommes d’affaires. Un clan incarné sur le plan médiatique par le sulfureux Baha Eddine Tliba, porte-parole des «oligarques» de l’est du pays qui ont fini par rallier le chef d’état-major de l’armée algérienne. Le coup de maître de ce dernier demeure l’OPA réalisée sur le personnage d’Amar Saâdani, l’ancien patron du FLN, qui a cédé à la tentation du clan d’Annaba l’été dernier.
Et lorsque le clan présidentiel de Bouteflika a choisi de faire la paix avec le général Toufik, l’ex-patron du DRS algérien, et ses acolytes, Ahmed Gaïd Salah a surpris toute l’Algérie en activant son arme fatale sortie de nulle part. En effet, le 5 octobre dernier, Amar Saâdani prononce un discours brutal, violent et méprisant à l’égard du général Toufik et de ses compagnons. Une véritable agression politique exécutée alors que le clan présidentiel ne lui avait pourtant fait parvenir aucune instruction en ce sens.
Gaïd Salah marque alors un point et fait comprendre aux Bouteflika qu’il fallait désormais compter avec lui. Amar Saâdani, quant à lui, est limogé quelques semaines plus tard. Bouteflika et son entourage poursuivent pour leur part la politique de la main tendue engagée en direction du général Toufik. Ce qui n’empêche pas Ahmed Gaïd Salah d’instaurer un nouveau « contre-pouvoir », et de voir le clan Bouteflika le ménager afin de ne pas ajouter une crise politique à la crise financière aiguë que traverse déjà l’Algérie. une crise politique au moment. Conséquence, comme en mai 2015, le remaniement gouvernemental annoncé tarde à voir le jour, le clan présidentiel devant désormais composer avec un autre clan, plus petit et moins puissant, mais tout aussi redoutable.