Il lui colle comme son ombre et ne le lâche pas d’une semelle. Il est avec lui au ministère, dans ses déplacements et au Parlement. Brahim Boufous, nouveau wali directeur général des affaires intérieures au ministère de l’Intérieur, serait devenu l’éminence grise du ministre de l’Intérieur, Moulay Taib Cherkaoui.
C’est lui qui l’accompagne au Parlement pour affronter les députés et négocier dans les commissions. Il faut dire que le bonhomme est taillé pour le job.
Il entame sa carrière comme civiliste au ministère de l’Intérieur dans lequel il brille, avant de chapeauter huit ans après le service des élections et des statistiques. Boufous a été lancé très jeune au cœur de la « machine infernale » inventée par l’omnipotent Driss Basri pour fabriquer la carte politique du Maroc. Le jeune homme, un Soussi de Chtouka Aït Baha, est tellement appliqué et consciencieux qu’il est nommé dès 1994 gouverneur attaché à l’administration centrale chargé des élections. Hassan II veut un gouvernement d’alternance et il est pressé. Basri est chargé de mener à bien cette tâche. Les partis de la Koutla doivent remporter les élections, mais sans pour autant triompher. Pari difficile, mais jouable. Brahim Boufous veille au grain. Les législatives de 1997 sont satisfaisantes. Le gouverneur en charge des élections offre à son patron une carte politique «correcte». Le Maroc peut passer à une nouvelle ère politique après des élections que personne, à part l’Istiqlal, n’a par ailleurs contestées. En 1999, cet homme qui connait les rouages du ministère de l’Intérieur sur le bout des doigts, tutoie tous les notables des partis politiques et récite par cœur les noms du personnel d’autorité, est promu au poste très convoité de directeur des walis. Un interlude avant un retour, en 2003, à la direction des élections. Les élections législatives de septembre 2002 devaient être irréprochables. Elles n’ont pourtant laissé qu’un goût d’inachevé… à tout le monde.
Aujourd’hui, alors que Moulay Taib Cherkaoui, ancien magistrat pas au fait des subtilités du ministère de l’Intérieur, a la charge d’organiser les échéances électorales de 2012, c’est Brahim Boufous qui, fort d’une importante expérience en la matière, devrait l’épauler. «Un air de déjà-vu», susurrent les mauvaises langues à Rabat.