« Kaïs Saïed est maître absolu de ses propres choix dans l’exercice de ses activités. Le soutien de la famille se limite à la campagne électorale et toute décision politique émane uniquement du chef de l’État », rassure Atika Chebil – avocate et sœur de la Première dame, Ichraf Chebil – face aux médias après l’annonce des estimations préliminaires du scrutin présidentiel joué d’avance.
Pourtant, la réalité est toute autre : loin des belles promesses de transparence, la belle sœur du président – omniprésente à Carthage – est une pièce maîtresse de l’échiquier politique à Tunis. Donné victorieux de l’élection présidentielle controversée du 6 octobre avec 89,2% des suffrages, d’après un sondage de sortie des urnes, « Kaïs Saïed est aux mains de sa belle famille ».
« Progressivement, Atika a écarté les conseillers l’un après l’autre pour resserrer le cercle présidentiel autour des membres de la belle-famille du chef de l’État », confie, à Maghreb Intelligence, un ex-conseiller à Carthage. Depuis l’accession de Kaïs Saïed au pouvoir, en octobre 2019, pas moins d’une quinzaine de conseillers ont poussé vers la sortie dans des circonstances floues.
Limogés ou contraints à démissionner, ils ont été broyés par les dynamiques familiales, entre celle de la sœur de la Première dame et celle du frère du chef de l’État (Naoufel Saïed), dont l’influence n’a cessé de croître autour du pouvoir présidentiel. « Le président Saïed se présente comme un défenseur de l’État de droit et de la lutte contre la corruption, mais Atika Chebil a joué un rôle clé dans plusieurs nominations et décisions importantes », fustige notre source.
Il faut dire que depuis quelques temps, la belle-sœur du chef de l’État est une habituée des petites polémiques, notamment avec les magistrats et l’ex-conseillère à Carthage, Nadia Akacha. Bien qu’elle n’ait pas de poste officiel, l’avocate, dont l’influence est présentée comme nuisible à la neutralité des institutions, agit dans l’ombre et alimente les soupçons de favoritisme familial.