“Kaïs Saïed, Prise de Coran”. Le Canard Enchaîné s’est payé la tête du président tunisien dans son édition du mercredi 7 octobre 2020. “Conservateur il est, conservateur il reste”, avec ce tacle à retardement, le journal satirique français est revenu sur un ancien discours de “Robocop”, son recours au Coran pour soutenir la loi inégalitaire sur l’héritage en Tunisie, la répression de l’homosexualité dans l’espace public et ses relations sous haute tension avec Rached Ghannouchi.
Le palmipède parisien a croqué les incohérences du président tunisien qui “s’est vendu comme un conservateur éclairé” alors que “ce n’est pas vraiment le cas”. Pour la journaliste Anne-Sophie Mercier, la formule magique du pensionnaire de Carthage est composée par “une pincée de charia, une cuillerée de progressisme et le tour est joué”. Néanmoins, dans le bras de fer l’opposant au mouvement d’obédience islamique, “Robocop” a été “dépourvu de troupes, il a peut-être sous-estimé l’agressivité d’Ennahdha… Son chef Rached Ghannouchi, élu à la tête de l’Assemblée, est devenu peu à peu un président bis”.
Grand vainqueur des élections présidentielles en 2019 avec plus de 72% des voix, Kaïs Saïed, qui professe un conservatisme socio-religieux, navigue à vue et se voit de plus en plus isolé au palais de Carthage. Entre populisme, non-respect des prérogatives et atteinte à la diplomatie, le constitutionnaliste de 62 ans enchaîne les maladresses et multiplie les polémiques.