En cet hiver très humide, les jours se succèdent et se ressemblent à Alger qui vit quotidiennement au rythme des révélations et des scandales. [onlypaid]
Les citoyens ne savent plus où donner de la tête face à l’ampleur des scandales de corruption révélés par la presse depuis plus de deux mois
. Les chancelleries occidentales à Alger sont totalement perdues puisque cela va dans tous les sens, à tel point qu’ils ne savent plus quoi mettre dans leurs rapports envoyés à leurs capitales. S’agit-il d’une volonté politique de nettoyer les « écuries d’Augias » ? S’agit-il d’une opération « manu pulite » menée par une justice en roue libre ? Ou bien ce qui se passe en Algérie est un ultime règlement de comptes entre clans rivaux préparant la succession d’Abdelaziz Bouteflika qui devrait intervenir d’ici 2014 ? Selon certains diplomates en poste depuis plusieurs années à Alger, il est tout de même étrange que cette campagne anti-corruption intervienne juste dans le sillage de la mise hors course de deux poids lourds politiques : Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia. En effet, les deux hommes qui ont été débarqués comme des malpropres, de la tête des formations qu’ils dirigeaient depuis des années, ont littéralement disparu de la scène politique sans piper un mot, ajoutant au flou qui règne dans le pays. Peu de temps après, le nom de Chakib Khalil, ancien ministre de l’Energie et des mines refait surface dans le gros scandale de corruption lié à la Sonatrach. Bizarrement épargné depuis trois ans, Chakib Khalil est à nouveau présenté comme le mal absolu et celui qui doit « payer toutes les factures ». A travers lui, c’est le clan de Bouteflika qui est directement visé, croit savoir un diplomate français. Dans la foulée, éclate un autre scandale qui concerne cette fois-ci la compagnie aérienne Air Tassilli, filiale de la Sonatrach, où des marchés portant sur des milliards de Dinars auraient été conclus de gré à gré au mépris de la procédure en vigueur. Deux hommes proches du clan Bouteflika se trouvent également dans la tourmente en ce moment. Il s’agit de Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, mouillé dans l’affaire Eni-Saipem et d’Amar Saadani, ancien président de l’Assemblée nationale populaire et actuel homme fort du FLN, cité dans plusieurs affaires de corruption. Le point commun de ces deux hommes, c’est qu’ils sont très liés à Saïd Bouteflika, frère et conseiller du président qui, depuis 1999, a pu implanter dans les rouages de l’Etat algérien une véritable « 5ème colonne totalement à ses ordres ».
Dans tous les cas, les connaisseurs des dessous de la politique algérienne n’excluent pas une opération orchestrée par le DRS afin d’expurger les institutions du pays des « amis du frère du président» et mettre fin définitivement en 2014 à la parenthèse Abdelaziz Bouteflika où les généraux ont été obligés de partager le pouvoir « d’une certaine manière ».[/onlypaid]