
Par Ilyas Aribi
A
A
Le 22 février prochain, l’Algérie est censée commémorer le 6e anniversaire du « Hirak Béni » qui a permis à l’actuelle Régime Tebboune de voir le jour à la suite de la chute vertigineuse du Régime Bouteflika en 2019. Mais force est de constater que la célébration de cet anniversaire n’est pas du tout vécue comme un événement heureux par les autorités algériennes. Et pour cause, à l’approche du sixième anniversaire du Hirak, les autorités algériennes ont renforcé la répression et multiplié les arrestations visant les militants et défenseurs des droits humains. Ces derniers jours, plusieurs arrestations arbitraires ont été constatées, entraînant le report de certains événements. Cette montée en tension suscite l’inquiétude des observateurs et alimente les craintes d’un durcissement du pouvoir à l’encontre des voix dissidentes.
Parmi ces actions de répression qui inquiètent et reflètent l’instauration d’un autre climat de tensions en Algérie, on peut noter l’arrestation d’Ali Fadel, ancien détenu d’opinion, le 17 février à Annaba. Il est toujours en garde à vue et devrait comparaître devant le parquet pour répondre à des accusations purement politiques. Par ailleurs, le journaliste et ex-détenu d’opinion Ihsane El Kadi a été également interrogé par les services de la sécurité avant d’être relâché le 19 février dernier. L’interrogatoire aurait porté sur l’anniversaire du mouvement du 22 février. De leur côté, deux étudiants engagés dans la défense des droits de leurs corporations font face à une forte répression judiciaire. Il s’agit d’Aissani Mohamed Souleymane, condamné à un an de prison ferme à Annaba, et du Dr. Charaf-Eddine Talhawi, coordinateur des médecins résidents grévistes, maintenu en détention à Tlemcen en raison de son rôle prépondérant dans la grève des médecins résidents qui paralysent les hôpitaux algériens depuis fin 2024. Plusieurs ONG ne cessent d’appeler à leur libération immédiate, en vain.
Par ailleurs, le Pouvoir Algérien travaille sur des lois et des projets de lois très dures envers les partis politiques restreignant encore davantage le champ politique algérien. Il s’agit notamment de l’avant-projet de loi sur les partis politiques qui suscite de vives réactions au sein de l’opposition. Parmi les mesures contestées : Obligation d’une représentation dans une trentaine de wilayas pour les congressistes, Intégration imposée d’une proportion de jeunes et de femmes dans les structures des partis, Mandats limités à cinq ans, renouvelables une seule fois, Dissolution des partis n’ayant pas présenté de candidats à deux élections successives et Interdiction de l’usage de langues étrangères dans les activités partisanes. Face à ces restrictions, l’opposition algérienne réagit vivement : le parti des travailleurs parle d’une « caporalisation de l’activité politique » et le RCD, l’un des rares partis politiques encore engagés dans le pays, d’un « effacement de la vie partisane ». C’est dire enfin que le 6e anniversaire du Hirak n’est guère porteur d’un grand espoir de changement paisible, démocratique et rassurant pour l’avenir de l’Algérie.