L’Algérie nage en plein surréalisme politique. Depuis le départ d’Abdelaziz Bouteflika, le 27 avril, au Val de Grâce pour se faire traiter d’un « AVC mineur », les informations les plus contradictoires circulent sur son état de santé. [onlypaid]
C’est Abdelmalek Sellal qui le premier dégaine en assurant, lors de sa visite à Laghouat, que le président l’a personnellement appelé pour s’enquérir de l’avancement des projets dans le Sud algérien. Pire, le premier ministre a rajouté à la confusion chez la population et les officiels de la wilaya de Laghouat en utilisant dans ses déplacements la BMW présidentielle. Un signe, selon les observateurs, qui laisse entrevoir le favori du moment pour la succession d’Abdelaziz Bouteflika. Mais, le premier ministre n’est pas le seul à s’être illustré sur ce dossier. Certains ministres plus zélés que d’autres -Amara Benyounès et Amar Ghoul- se sont même attaqués violemment aux médias nationaux qu’ils ont accusés de « manque de déontologie », en propageant de fausses informations sur l’état de santé du président. Ces médias qui, après avoir respecté une période de silence, ont commencé dès la deuxième semaine de l’absence du président à se poser des questions et à égrener les différents scénarios possibles. Hicham Aboud, un mystérieux officier de l’armée qui s’était volontairement exilé à Lille pendant des années et qui s’est subitement reconverti en éditeur de journaux, a mis le pied dans le plat en publiant que la santé du président s’est largement dégradée. Hicham Aboud, soupçonné par les journalistes algériens de rouler pour certains « cercles », a été poursuivi par le procureur général de la république pour atteinte à la sécurité nationale.
D’un autre côté, le peuple algérien continue d’ignorer réellement ce qui se passe dans les coulisses. Dans les cafés d’Alger, Oran ou Sétif, les Algériens tournent en dérision la réalité politique de leur pays. Ils savent que quelque chose se trame derrière leur dos et ne semblent pas s’en émouvoir outre mesure. « Pourquoi se préoccuper de la santé d’un président que nous n’avons pas élu et pourquoi perdre la tête pour son successeur que nous n’allons pas choisir », commente avec fatalisme un ancien haut fonctionnaire, aujourd’hui à la retraite. Il faut dire que le feuilleton de la santé du président Abdelaziz Bouteflika commence à lasser les Algériens qui se passionnent plus en ce moment pour les examens du baccalauréat et pour les préparatifs du mois de ramadan qui sera là dans un mois et demi. Le reste, ils savent pertinemment qu’il y a toujours « quelqu’un » pour s’en occuper à leur place…comme cela a toujours été le cas.[/onlypaid]
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