
Entre l’Algérie et la France, les affaires tournent encore, mais jusqu’à quand ? En 2024, l’Algérie reste l’un des clients majeurs de l’Hexagone, avec près de 4,8 milliards d’euros d’importations, en hausse de 6,6 % par rapport à 2023. Derrière ces chiffres, ce sont près de 6000 entreprises françaises, en majorité des PME, qui dépendent directement ou indirectement de ce marché voisin.
Pour ces petites structures, souvent plus vulnérables que les grands groupes, le moindre grain de sable peut devenir un raz-de-marée. Une commande à l’export de 200 000 ou 300 000 euros bloquée à la douane algérienne, et c’est la trésorerie qui vacille. Les patrons sont nombreux à s’alarmer d’une situation diplomatique qui pourrait, à tout moment, durcir les échanges.
Mais l’histoire ne va pas que dans un sens. L’Algérie vend elle aussi massivement à la France, notamment ses hydrocarbures : 2,7 milliards d’euros de pétrole brut et 2,4 milliards d’euros de gaz expédiés l’an dernier. Toutefois, sur ce terrain, Paris a plus de marge de manœuvre. Diversifier ses fournisseurs ? Pas un problème insoluble pour les grands énergéticiens français. Le rapport de force est donc différent : l’Hexagone peut toujours diversifier ses fournisseurs, tandis que l’Algérie, elle, reste dépendante de ses recettes énergétiques, cœur battant de son économie.
En réalité, le vrai nerf de la guerre, ce sont les exportations françaises vers l’Algérie, qui concernent des secteurs industriels et de biens d’équipement stratégiques pour Alger. Si les relations venaient à se tendre davantage, ce sont donc les entreprises françaises, notamment les PME, qui pourraient subir de plein fouet les conséquences.
Pendant que les hydrocarbures continuent de circuler sous la protection de contrats solides avec des mastodontes comme Total ou Engie, les PME, elles, marchent sur des œufs.
Dans ce duo économique, chacun tient l’autre par la manche, mais certains risquent de goûter au Tatami plus vite que d’autres…