Le 21 mars 2010, un homme fier au regard apaisé et aux faux- airs de moine bénédictin, savoure tranquillement son triomphe. Il vient de se faire réélire secrétaire général du FLN par le 9ème congrès du parti…
Performance réussie jusque-là seulement par l’ancien président Chadli Benjedid, venu personnellement féliciter son lointain successeur. Si Abdelaziz Belkhadem pavoise aujourd’hui, il a plusieurs raisons de le faire. Non seulement il réussit « son congrès », mais se permet même d’écraser sans coup férir la dissidence. Belle revanche pour un homme qu’on disaitt à la fois dénué de tout charisme et de toute habileté politique.
Né il y a 65 ans à Aflou dans l’éloignée et très aride wilaya de Laghouat, le jeune Belkhadem partage son enfance entre l’école coranique du village et les moussems des confréries de la région. Après un diplôme en finance, il entame une brève carrière d’inspecteur des finances, avant d’enseigner les lettres arabes. Remarqué par le colonel Boumediene lors d’une visite à Tiaret, il le fait venir auprès de lui au siège de la présidence. Nommé directeur adjoint aux relations internationales à El Mouradia, il rédige les discours en arabe de Boumediene et se lie d’amitié avec le fringant ministre des Affaires étrangère de l’époque, Abdelaziz Bouteflika. Une amitié qui le sortira d’une traversée de désert 30 ans après.
Homme du président
Fervent militant du FLN, alors parti unique et hégémonique, Abdelaziz Belkhadem siège au parlement sans discontinuer pendant une quinzaine d’années. Il se distingue d’ailleurs en 1984 en faisant voter un code de la famille archaïque et très répressif à l’encontre de la femme algérienne. Les penchants islamistes de Belkhadem ne sont un secret pour personne. En tout cas par pour les militaires « janviéristes » qui l’expurgent du système pendant la moitié des années quatre-vingt-dix. En ces temps là, l’Algérie s’enlise dans la guerre civile. Il faut attendre le retour de Bouteflika, qui a surtout envie de pacifier le front interne. Tout le monde sait cependant que le dada de Boutef est la politique étrangère. A la surprise générale, il place Belkhadem au ministère des Affaires étrangères. Il est ainsi certain qu’avec le taciturne apparatchik, c’est lui qui conservera la haute main sur la politique étrangère et la diplomatie. L’attelage improbable fonctionne jusqu’en 2005, où, réélu et surtout malade, Bouteflika ne peut plus se déplacer à l’étranger comme avant. Il évacue Belkhadem des Affaires étrangères et lui donne comme lot de consolation le poste de représentant personnel du président de la république. EN 2006, Bouteflika, trop méfiant d’Ahmed Ouyahyia, le remplace par le fidèle Belkhadem à la tête de l’exécutif. Or, le manque de culture économique et politique du promu éclate au grand jour et le président est obligé de le limoger sans autre forme de procès et de rappeler le stakhanoviste Ahmed Ouyahya aux affaires.
Aujourd’hui, sachant qu’il ne doit sa survie politique qu’aux bonnes grâces de Bouteflika, Belkhadem fait tout pour le contenter. Il accepte même d’être sous la tutelle de Logbi Habba, secrétaire général de la présidence, qui est le véritable « gérant » du FLN.
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