Par Skander salhi
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L’Algérie est intervenue officiellement pour venir au secours du « petit Qatar, isolé du monde depuis le blocus que lui ont imposé tous ses voisins de la région du Golfe.
Hier, Alger a tenté de jouer les intermédiaires pour réconcilier le Qatar avec ses ennemis. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel a en effet reçu le ministre d’Etat, Conseiller auprès du Vice-Président du Conseil des ministres, ministre des Affaires présidentielles des Emirats Arabes Unis, Farès El Mazroui, avec lequel il a évoqué les développements récents dans la région du Golfe, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Officieusement, Messahel a essayé de convaincre le représentant des émirats d’assouplir leur position envers le Qatar. De bonnes sources, le chef de la diplomatie algérienne a développé son argumentaire en mettant l’accent sur la nécessité de retrouver l’unité arabe face aux enjeux des tensions internationales que traversent le Moyen-Orient. Messahel a proposé un plan d’action consistant à enclencher des négociations entre les deux parties pour aboutir à un accord formel. Il s’est engagé à convaincre le Qatar de revoir ses relations avec certaines organisations dénoncées par les Emirats et l’Arabie Saoudite.
Le même jour, Abdelkader Messahel a reçu dans la foulée le ministre qatari des Affaires étrangères, Soltan bin Saad Al-Muraikhi. Ce dernier n’a pas eu de mots assez forts pour saluer la position de l’Algérie qui a refusé de céder aux pressions de l’Arabie Saoudite et ses alliés, contrairement à la Mauritanie et certaines factions des autorités libyennes. Messahel n’a toutefois pas manqué d’essayer d’arracher des compromis au Qatar pour proposer une sortie à cette crise géopolitique majeure. L’objectif d’Alger étant d’inviter Doha à prendre ses distances vis à vis certains leaders des frères musulmans qui inquiètent Le Caire et Abu Dhabi.
L’Algérie n’a donc pour l’instant pas l’intention de lâcher le Qatar, qui s’est engagé dans de grands investissements dans le pays, dont la construction d’un complexe sidérurgique dans la zone industrielle de Bellara, financée à hauteur de deux milliards de dollars, pour une capacité de production de dix millions de tonnes par an.
Le projet permettra à l’Algérie d’importer moins d’acier – pour un coût de dix milliards de dollars par an – et de créer plus de 2.000 emplois. L’usine fabriquera notamment de l’acier plat et des aciers spéciaux qui serviront à développer l’industrie du rail dans le pays.