Depuis l’arrivée au pouvoir de la droite en Espagne il y a plus de 8 mois, les relations entre Madrid et Alger -déjà très compliquées- ne cessent de se dégrader. En Algérie, alors que l’on misait sur un Mariano Rajoy résolument anti marocain et plus aligné sur les positions du Polisario et d’Alger, la déception est totale. Tout d’abord, le président du gouvernement espagnol n’hésite pas à consacrer son premier voyage hors de la péninsule ibérique au Royaume chérifien. Une tradition établie depuis l’arrivée au pouvoir de Filipe Gonzalez et à laquelle aucun des autres successeurs n’avait jamais dérogé. Et ce n’est pas la visite à Alger de son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, dont les connaissances du monde arabe sont rudimentaires, qui allait calmer les esprits à El Mouradia. Cela dit, ce qui a été jusque-là un simple malentendu est vite devenu ces derniers jours une crise sans précédent. La décision de l’Espagne de rapatrier ses ressortissants qui travaillent dans les camps de Tindouf en tant qu’humanitaires, a provoqué l’ire des Algériens. Les téléphones ont chauffé entre les deux capitales lorsque Madrid a fait savoir sa décision, deux jours avant l’envoi d’un avion militaire à Alger pour rapatrier ses ressortissants. D’après une source diplomatique ibérique, les Algériens ont tout d’abord opposé un niet catégorique à la requête algérienne, estimant que le pays était capable de protéger les ressortissants étrangers présents sur son territoire. Madrid a répliqué en présentant aux autorités algériennes compétentes les preuves recueillies par les services de renseignements espagnols -CNI- à l’intérieur même de Tindouf. En effet, après l’enlèvement de ses deux ressortissants en octobre 2011, l’Espagne a réactivé ses réseaux dans les camps des réfugiés du Polisario sur le territoire algérien, violant ainsi un « Gentlemen Agreement » entre le CNI et le DRS algérien qui interdisait à chacun des deux services d’être actif sur le territoire de l’autre. Cela dit, le CNI garde depuis de longues années beaucoup de HC -Honorables correspondants- à l’intérieur même de la chaîne de commandement du Front Polisario. C’est l’un de ces HC qui, lors d’une visite à Madrid, alerte le CNI de l’imminence d’une action terroriste dans les camps de réfugiés contrôlés par le Polisario dans le sud-ouest algérien. Face aux informations présentées par le CNI, les autorités algériennes se sont laissées convaincre, mais en exigeant que l’information ne soit pas divulgée. Le gouvernement de Madrid, en proie à de grandes difficultés internes, n’en a pas tenu compte et a médiatisé l’opération de rapatriement, espérant en tirer quelques avantages politiques. Ceci a provoqué la colère d’Alger qui a chargé le DRS de mener une campagne d’épuration au sein des cadres du Polisario soupçonnés d’entretenir des relations « intimes » avec l’Espagne.
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