« Sur l’anti-terrorisme, du grand-banditisme, de la lutte contre le trafic de drogue et de l’immigration clandestine, nous avons aujourd’hui à Rabat un interlocuteur fiable, professionnel et qui connait ces dossiers sur le bout des doigts ».
Cet aveu fait à Paris, devant une poignée de cadres de la DGSE, par un haut responsable américain du renseignement résume l’état d’esprit qui prévaut chez la communauté du renseignement internationale quand on évoque la DGST marocaine.
La Direction générale de la surveillance du territoire et son patron Abdellatif Hammouchi sont devenus ces dernières années une pièce incontournable sur tous les sujets sécuritaires de premier plan. Le 13 et 14 juin derniers, le directeur général de la DGST et de la DGSN est reçu à Washington par les principaux responsables sécuritaires américains (Avril Haines, Christopher Wray) dont le patron de la CIA, William Burns, un ami personnel d’Abdellatif Hammouchi croit-on savoir à Langley.
3 mois après, c’est la directrice du renseignement national américain, Avril Haines, qui chapeaute le FBI et la CIA, qui se rend cette fois-ci à Rabat pour rencontrer Hammouchi. Une occasion pour que les deux parties planchent sur la situation sécuritaire à l’échelle régionale et discutent des menaces et défis qui en résultent. « Les relations entre les services marocains et leurs homologues américains n’ont jamais atteint un tel niveau de convergence et de synchronisation auparavant », explique un responsable américain à Maghreb-intelligence.
Même son de cloche à Madrid où Esperanza Casteleiro, cheffe des renseignements espagnols ne tarit pas d’éloges sur alter-égo marocain. Lors d’un voyage au royaume chérifien le 15 septembre à la tête d’une importante délégation du Centre national de renseignement d’Espagne, madame Esperanza Casteleiro a eu l’occasion de passer en revue les sujets stratégiques les plus épineux qui concernent les deux voisins. Ainsi, les analystes des services deux pays ont travaillé sur les menaces que présentent aujourd’hui la cybercriminalité, le trafic des stupéfiants et la montée du terrorisme dans le Sahel.
La forte médiatisation de ces rencontres montre que « le sécuritaire » est désormais un outil diplomatique très impactant pour le royaume chérifien. « Le roi Mohammed VI a conscience qu’il détient à travers ces services de renseignements réputés pour leur grand professionnalisme et leur efficacité un avantage comparatif par rapport à tous les pays de la région. Cela place évidemment les affaires sécuritaires au cœur des enjeux diplomatiques », observe un ancien patron des services espagnols qui a eu à travailler étroitement avec les Marocains.