Une déclaration des biens qui soulève plus d’une interrogation. Le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz a remis jeudi 7 octobre, au palais présidentiel, la déclaration de ses biens à la Commission nationale de transparence financière dans la vie publique dirigée par un magistrat, Seyid Ould Ghailani, actuel président de la cour suprême.
Il aura fallu une année après son investiture officielle à la tête de l’Etat, pour que le chef de l’Etat fasse cette déclaration patrimoniale. Certes, cet acte constitue une première en Mauritanie voire même dans le monde arabe, où les fortunes des chefs d’Etat relèvent du domaine du secret d’état, mais rien n’a filtré sur la valeur numéraire de ces biens. Le 4ème président da la République islamique de Mauritanie qui, dès le début de sa campagne présidentielle, a fait de la bonne gouvernance et de la guerre sans merci à la gabegie et à la corruption, son cheval de bataille, a voulu par ce geste, donner l’exemple aux autres hauts commis de l’Etat et autres officiers supérieurs de l’armée. Ou alors «le président des pauvres » voulait-il tout simplement montrer qu’il n’était pas riche ! Mohamed Ould Abdel Aziz, se dit à qui veut l’entendre, qu’il se veut partout présent pour mettre fin à des pratiques impopulaires qui ont mis l’Etat à genoux. Par ailleurs, un rapport, appelé « PREDAD», élaboré à la veille de la campagne électorale, par la direction de la sûreté nationale, et à la demande même, du Général Aziz, alors Président du HCE (Haut Conseil d’Etat, l’instance militaire dirigeante de la Mauritanie depuis le putsch du 6 août 2008), avait fait le point sur la fortune des hauts fonctionnaires, des officiers de l’armée et des forces de sécurité et des anciens chefs de l’Etat (sur la base d’un échantillon de 1000 hauts fonctionnaires). Les résultats de ce rapport étaient accablants pour le Général Abdel Aziz lui-même. Le rapport évaluait, la richesse de l’actuel président mauritanien, à 350 millions d’ouguiyas 394 (Ouguias = 1 Euro) au 3 août 2005 et à 4 milliards 978 millions d’ouguiyas, soit près de 10,2 millions d’euros, à la veille de sa démission du HCE. Soit une augmentation de 1443%, contre une moyenne de 78% pour ses autres collègues officiers du CMJD (Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie). Aziz se place ainsi, selon le rapport de son ami le Général Ould Elhadi comme la deuxième fortune dans le classement des fonctionnaires et officiers les plus riches du pays. Les observateurs à Nouakchott, placent la déclaration du président putschiste, plutôt dans le cadre de l’effort qu’il déploie pour se faire adopter par la communauté internationale encore réticente à admettre son forfait. Epaulé par l’ancienne puissance coloniale (France), il a quand même réussi à franchir de grands pas sur la voie d’une légitimité internationale. Néanmoins, au plan interne, il fait toujours face à une farouche opposition qui lui conteste sa prise du pouvoir et réclame même son départ. Etant confronté par ailleurs, à des tentatives de déstabilisation externes notamment d’AQMI et de certains pays voisins, le président Abdel Aziz parviendra-t-il à amadouer suffisamment l’opinion publique pour apaiser la situation au plan interne ?
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