Lors d’un dîner avec un ambassadeur maghrébin, un responsable des plus en vue de l’UMP a tenu à éclaircir les lanternes du diplomate nord-africain quant à la situation de Nicolas Sarkozy.
D’après le politicien français, les déboires que connait actuellement le président français sont principalement dus à « l’establishment », terme désignant dans la bouche du haut cadre de l’UMP, la technostructure, composée de hauts cadres de l’administration, d’intellectuels, d’instituts de sondages, d’éditocrates et de capitaines d’industrie. Pour preuve, si le quotidien Le Monde sonne lui aussi la charge contre Sarkozy, c’est que les carottes sont cuites. « Les barbouzeries » du chef de l’Etat ont fini par lasser cette technostructure, véritable cœur du pouvoir français.
D’après le convive du diplomate maghrébin, c’est cette même technostructure qui avait fait gagner Mitterrand contre Giscard d’Estaing en 1981. Mitterrand a tellement joui de la confiance de ce pouvoir anonyme tout le long de ses deux longs mandats, que l’existence de sa fille naturelle Mazarine, logée, nourrie et blanchie aux frais de la république, n’a jamais été révélée pendant sa magistrature pour ne pas l’importuner. De même pour Jacques Chirac, qui traînait d’énormes casseroles. La technostructure parisienne a tout fait pour le protéger. Les révélations ne sont tombées qu’au compte-gouttes pour ne pas l’accabler davantage.
Au début des années 2000, cette technostructure avait deux favoris : Nicolas Sarkozy et Strauss-Kahn. Ce dernier n’ayant pas pu s’imposer à gauche, c’est sur Sarkozy, prometteur ministre de l’Intérieur, que les regards se sont portés. Depuis, la destinée du maire de Neuilly semblait clairement tracée. Mais, dès son accession au pouvoir, Sarkozy a fait déchanter ce même « establishment » qui l’a fabriqué. Les couacs se multiplient et le style du nouveau président gêne. Son côté hautain, têtu et résolument arrogant alertent sur une éventuelle dérive. L’establishment commence par envoyer des signaux au président. Celui-ci n’en a cure. Une guerre larvée commence. Les rumeurs se propagent. Les scandales éclatent. Alors que les tirs de sommations ne touchaient au début que la garde rapprochée du président, c’est à Sarkozy lui-même que l’establishment s’en prend aujourd’hui à coups d’artillerie lourde. L’affaire Woerth-Bettencout, selon le dirigeant de l’UMP, est le coup de grâce qui devrait obliger Sarkozy à renoncer à un deuxième mandat.