Les élections législatives qui devraient se tenir en novembre prochain en Egypte, risquent de connaître une grande percée des frères musulmans, principal groupe d’opposition au Parlement, avec 88 élus sur 454.
Les islamistes ont en effet reçu un renfort de taille : un feuilleton qui a été diffusé pendant le mois de ramadan par la télévision d’Etat. Annoncé en grande pompe, le feuilleton à qui l’Etat a consacré des dizaines de millions de livres égyptiennes (3 millions d’euros) devait écorner l’image d’Al Ikhwan en les montrant sous leur pire visage : un groupuscule fanatique qui a toujours eu recours à la violence. Mais, un mois après le début de cette opération de «prévention psychologique» concoctée par les Sherpas du régime, le feuilleton a produit l’effet contraire. Largement suivi par les téléspectateurs égyptiens, la production télévisuelle a fasciné par la qualité artistique et par le jeu des acteurs. La série a remis Al Jamaâ des frères musulmans au goût du jour. Après la rupture du jeûne, la population ne parlait que des Frères musulmans et de leur combat contre des régimes trop impopulaires. Malgré quelques protestations provenant des députés des frères musulmans, les Frères se sont frotté les mains de ce coup de pub inespéré. La télévision étatique a donc largement diffusé les thèses d’Al Ikhwan leur permettant de disposer de l’outil le plus performant en matière électorale.
Ce n’est qu’après coup, en se rendant dans leurs circonscriptions électorales, que les candidats du PND, parti au pouvoir, ont mesuré l’ampleur des dégâts. Ils n’ont alors pas eu de cesse d’alerter les dignitaires du parti présidentiel sur la popularité du feuilleton. Une alerte arrivée trop tard. Les frères musulmans ont déjà remporté la bataille médiatique. Dans les urnes, toutefois, ils doivent compter avec l’administration égyptienne, aux ordres du parti au pouvoir.