Activistes espagnols au Sahara Occidental, militants des droits de l’homme marocains faisant le blocus de Melilla, les sociétés civiles marocaines et espagnoles ont fait une intrusion remarquée dans le lourd dossier des relations bilatérales entre les deux royaumes voisins.
La tension est encore montée d’un cran avec l’expulsion de quatorze militants espagnols qui avaient participé le week-end dernier à une manifestation à Laâyoune en faveur de l’indépendance du Sahara Occidental, et que les autorités marocaines soupçonnent d’avoir été « téléguidés » afin de monter un coup médiatique. Les arguments de Rabat en faveur de la thèse de la manipulation ont dû être convaincants puisque Madrid, après une diplomatique « demande d’explication », a immédiatement affirmé officiellement que « l’incident était clos ». Qu’ont donc bien pu dire ou montrer les responsables marocains à leurs homologues espagnols pour que ces derniers acceptent de clôturer le dossier si promptement ? Dans les allées du pouvoir marocain, il se murmure que Rabat aurait préparé depuis plusieurs mois un dossier ultraconfidentiel contenant les activités illégales du CNI (service de renseignement ibère), incluant les relations de ce dernier avec plusieurs groupuscules d’activistes pro-polisario. Le dit rapport inclurait une bonne partie des quatorze espagnols expulsés du Maroc, et aurait été envoyé à Jose Luis Zapatero en personne, via le canal diplomatique. Le Président du conseil espagnol aurait alors piqué colère, convoquant les responsables du CNI pour une séance d’explication musclée. De manière générale, le dossier des opérations d’espionnage effectuées par l’Espagne sur le territoire marocain constitue la principale pomme de discorde entre les deux pays, Rabat ayant décidé de répliquer coup pour coup à chaque nouveau soupçon. Après l’épisode du drone échoué cet été sur les côtes marocaines, puis le survol de zones estivales par des hélicoptères ibères, c’est désormais la possible manipulation par le CNI d’activistes espagnols qui figurerait en haut de l’agenda des marocains, ces derniers se préparant à leur donner la réplique simplement en laissant les associations du nord du Maroc-qui s’opposent la domination espagnole sur Ceuta et Melilla-, « céder à leurs instincts primaires » .